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lundi 13 mai 2024

13 mai 1944 : Le rationnement

 

 13 mai 1944 :

Dans les journaux régionaux

- Rationnement -



RATIONNEMENT
DISTRIBUTION DE DENRÉES

1° Communes à suppléments :
a) Pâtes alimentaires : 250 gr. contre DX de mai.
b) Légumes secs : 250 gr. contre tickets DA, DB, DC, DD, DE de mai.

2° Dans toutes les communes :
Fromage gras : Tickets 1, 2, 3 et 4 de la feuille de mai.
Fromage maigre : Ticket FA de mai.
Fromage frais maigre : Ticket FB de mai.
Viande. Les consommateurs sont invités à déposer avant le 15 mai, chez le fournisseur de leur choix, le ticket BA ou BF de la feuille de viande de mai, en vue du renouvellement général des inscriptions.
Textiles. Le contingent de points de mai est fixé à 80% de celui de mars.
Chaussures. Réinscription des consommateurs avant le 15 mai, contre remise de la lettre S de la carte de textiles. Cette inscription donnera droit à un ressemelage cuir ou caoutchouc dans les 15 mois qui suivront le 1
ᵉʳ juillet 1944.
Savon. Les rations de produits détersifs pour le mois de mai sont fixées comme suit : 
Tickets n° 1. Catégories E, J1 et autres : 100 gr. de savon de toilette ou 37 gr. 5 de savon de ménage.
Tickets n° 2. Catégorie E : 187 gr. 5 de savon de ménage ou 620 gr. de détersif, catégorie J1 : 75 gr. de savon de ménage ou 500 gr. de détersif.
Autres catégories : 37 gr. 5 de savon de ménage ou 250 gr. de détersif.


Carte individuelle d'alimentation pour produits détersifs
(Source : Musée de la Libération de Paris)

Le savon est un produit rare, l’approvisionnement en oléagineux venus d’Afrique est interrompu ; on fabrique à la maison du savon avec toute sorte d’huile ou de graisses impropres à la consommation. Alors les femmes ont repris leurs bonnes vieilles traditions : la lessive aux cendres de bois et le savonnage avec la saponaire (une petite plante sauvage qui mousse et pousse le long des talus de notre région).

À chaque individu était délivrée une carte individuelle d’alimentation, indiquant, outre son identité, la catégorie dans laquelle il était placé : E : enfants de moins de 3 ans, J1 : enfants de 3 à 6 ans, J2 : enfants de 6 à 13 ans, J3 : adolescents de 13 à 21 ans, A : personnes de 21 à 70 ans (ou M), T : travailleurs de force, C : personnes de plus de 21 ans se livrant à des travaux agricoles, V : personnes de plus de 70 ans. En plus de ces cartes individuelles, chaque consommateur recevait des tickets pour chaque catégorie de denrées : pain, viande et charcuterie, fromages, matières grasses. D’autres cartes ou tickets permettaient d’acquérir des chaussures, des espadrilles, des produits détersifs, des vêtements. La liste est longue et s’ajoutait à ces contraintes une paperasserie sans fin, tant pour les consommateurs que pour les commerçants et générait, dans les mairies notamment, une bureaucratie permanente.

En plus du système classique d'attribution des denrées, les habitants des grandes villes obtenaient des suppléments nationaux (c'était le cas de Fontainebleau). Certaines communes ouvrières ou limitrophes des grandes villes se voyaient également accorder des suppléments régionaux (Saint-Fargeau-Ponthierry, Pringy, Barbizon, etc.).


Dans les archives des vidéothèques

Se nourrir sous l'occupation




Au cours de l'année 2021, le Conseil départemental de l’Essonne, en collaboration avec les associations d'anciens combattants, les archives départementales et l’association Cinéam, a initié un projet de collecte de mémoires autour de la Seconde Guerre mondiale en Essonne.  
Cette séquence est consacrée aux problèmes de l'alimentation sous l'occupation : tickets de rationnement, manque dans les villes, élevages dans les fermes, ravitaillements dans les campagnes. « La viande, c’était dur ! » 

C'est arrivé dans nos villages.

« La vie au village »

Extrait du livre d'Eddy Mendelsohn
(Moigny-sur-École)

« La guerre ayant créé une pénurie de nourriture, nous avons essayé de répondre à nos besoins comme nous le pouvions, faisant pousser des légumes, ramassant les pommes de terre qui restaient dans les champs, abattant de temps en temps un lapin ou un canard et quelquefois même, allant dans les champs voler les feuilles de tabac, que nous faisions sécher dans le grenier et que nous vendions ensuite. Lise m'apprit à reconnaître les mauvaises herbes, des orties comestibles, la façon de séparer les grains de blé des gerbes que nous avions ramassées, d'en faire de la farine et de préparer du pain et des gâteaux. Nous pelions les pommes de terre ramassées et plantions la partie pelée avec les bourgeons, nous permettant ainsi d'avoir nos propres cultures que je fertilisais en vidangeant manuellement les latrines. Nous achetions le lait des fermes laitières des environs pour le baratter le soir. Nous conservions les fruits et les légumes dans la cave froide de la maison et, avec tout le surplus de fruits, Lise préparait des confitures toujours délicieuses. En hiver, nous faisions rôtir sur le feu ou frire dans du beurre des châtaignes. »

En 2019, le comité Yad Vashem a décerné à Mme Marie-Louise Fuga le titre de Juste parmi les nations, la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. Cette Moignacoise, avec générosité et courage, recueillit un jour de juillet 1942 le jeune Eddy Mendelsohn, dont toute la famille disparut peu après dans les camps nazis…
En 2021, la municipalité a décidé d’honorer sa mémoire en donnant son nom à une rue du village de Moigny-sur-
École.



Pour retrouver cette histoire, ne manquez pas notre prochain ouvrage.

 LA LIBÉRATION DE MILLY-LA-FORÊT
ET DE SA RÉGION
1939-1945



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