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dimanche 23 décembre 2012

La monographie d'Oncy


En 1899, M. Georges Leygues, ministre de l'instruction publique et des beaux-arts avait « invité» les instituteurs de France à rédiger une monographie sur leur village. Voici celle d’Oncy que j’ai dactylographiée.
La photocopie de l’original est consultable aux Archives départementales.
Maurice Gelbard



II Partie géographique
§ 1er
Oncy est une petite bourgade située au  sud-est du département de Seine-et-Oise, dans une vallée très large et très pittoresque, arrosé par un petit cours d’eau « l’Ecole », dont la source est à quelques kilomètres, dans la commune du Vaudoué (Seine-et-Marne).
On y trouve de très beaux sites aux environs. La Forêt de Fontainebleau, si recherchée des touristes, est à la porte d’Oncy. Le village est limitrophe du département de Seine-et-Marne. Le territoire d’Oncy est limité au Nord et à l’Ouest par la commune de Milly, à l’Est par la commune de Noisy-sur-Ecole (Seine-et-Marne), au Sud par les Communes de Buno-Bonnevaux (Seine-et-Oise) et de Tousson (Seine-et-Marne).
La population est de 204 habitants (Recensement de 1896) et la superficie territoriale de 537 hectares.
La vallée est à 68 mètres d’altitude et le plateau à 125 mètres sur des terrains siliceux. On y cultivait beaucoup la vigne autrefois, mais depuis l’invasion du phylloxera, cette culture a abandonnée.

Les pentes assez élevée conduisant du plateau dans la vallée sont couvertes de rochers et sont boisés. De nombreuses carrières de grès sont ouvertes à l’exploitation dans le flanc de ces collines.
Le sol de la vallée comprend en partie des terres franches propres à la culture des céréales. En approchant de la rivière le sol se modifie et devient léger, et alors nous voyons la culture maraîchère et l’herboristerie. Des plantes telles que l’absinthe, la menthe, la stramonium, la guimauve y réussissent très bien. Autrefois on y cultivait beaucoup le chanvre, mais cette culture a complètement disparu.
Il y a quelques années, cette partie du territoire était couverte d’arbres fruitiers dont les fruits étaient renommés à plusieurs lieues à la ronde et constituait une des ressources de la population. Plusieurs de ces arbres étaient presque séculaires, on en voit encore aujourd’hui de rares spécimens. Malheureusement le terrible hiver de 1879-1880 a détruit tous ces arbres. La gelée les faisait craquer et les habitants entendaient de leurs demeures le bruit produit par ces craquements.
De chaque côté du cours d’eau se trouvent des terrains herbeux qui ne donnent qu’un foin grossier, néanmoins ces marais commencent à être amendés et tout fait prévoir que dans un avenir prochain ils seront en pleine culture.
Sous le rapport du climat, le territoire d’Oncy fait partie du climat séquanien. Les orages y sont rares. Il a été observé que la plupart des nuées orageuses suivent la vallée de l’Essonne ou bien se dirigent sur la forêt de Fontainebleau.

Le territoire d’Oncy ne renferme pas de montagnes, mais on y remarque de colline boisées, dont les flancs sont couverts de rochers, et qui se terminent par un plateau d’une altitude moyenne de 125 mètres, principalement livré à la culture des céréales.
La commune appartient au bassin de la Seine. Elle est arrosée par la rivière « l’Ecole » qui la sépare du territoire de Noisy-sur-Ecole (Seine-et-Marne) et qui par conséquent sert de limites au deux Départements de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne. Cette rivière a été détournée de son cours il y a plus d’un siècle pour traverser le château de Milly et alimenter le canal et différentes pièces d’eau.

Elle prend sa source au Vaudoué (Seine-et-Marne) à 7 kilomètres d’Oncy ; entrée le département à la hauteur d’Oncy elle en sort après un parcours de 12 kilomètres, à la hauteur de Soisy-sur-Ecole, après avoir arrosé Milly, Moigny, Dannemois et Soisy-sur-Ecole. Elle va se jeter directement dans la seine, à Ponthierry, dans le département de Seine-et-Marne. Cette rivière ne commence à être utile à l’industrie que vers Moigny où elle fait mouvoir quelques moulins. On trouvait autrefois beaucoup d’écrevisses dans cette rivière, mais une maladie, dit-on, les a fait complètement disparaître.
Oncy est traversé par l’ancienne route départementale n°30, aujourd’hui chemin de grande communication n°144 de Corbeil à Malesherbes. Cette route est très fréquentée par suite des marchés assez importants de Corbeil, Melun, Milly, Malesherbes, Puiseaux et Pithiviers. Deux chemins vicinaux relient Oncy aux communes voisines. L’un appelé chemin du Coudreau part d’Oncy, conduit sur le plateau et va rejoindre la route de Gironville ; l’autre appelé chemin de la Madeleine traverse la rivière et va rejoindre la route de Milly à Nemours.


§ II
La propriété à Oncy est très morcelée. On n’y voit point de grandes fermes, ni par conséquent de grandes pièces de terre. Chacun possède un peu de terrain et vit du produit de ses terres. Les plus forts propriétaires possèdent de 10 à15 hectares de terrain, pas plus.

Il y a beaucoup de bois sur le territoire d’Oncy. Les bois occupent environ la 6° partie du territoire. Le territoire est divisé en plusieurs milliers de parcelles. On y cultive principalement les céréales. Cependant une bonne partie du terrain bordant la rivière est consacrée à la culture maraichère et à l’herboristerie. Aux abords du village, chacun possède un petit coin de terre où il récolte les légumes nécessaires à son alimentation. On voit une foule de petits jardins de 2 ou 3 ares au plus. Les légumes y poussent très bien en raison de la fraicheur du terrain, qui e, été, ne redoute pas la sécheresse. La culture de l’asperge et de l’artichaut y réussit à merveille.
L’élevage du bétail est pour ainsi dire nul. A peine y a-t-il dans la Commune une vingtaine de chevaux destinés à aider l’homme dans ses travaux des champs. Point de bœufs. Chaque cultivateur a quelques vaches qu’il nourrit pour en tirer produit par la vente du lait et de l’élevage des veaux destinés à la boucherie. On compte 60 vaches pour toute la Commune. Un seul cultivateur possède un petit troupeau de moutons. Peu de volailles également. Quelques poules dont on vend les œufs. Point de canards, ni d’oies, ni de dindons.

Le territoire d’Oncy était assez giboyeux autrefois, mais le braconnage a détruit la majeure partie du gibier. La perdrix est assez commune. Il n’y a presque plus de lapins, en revanche on y rencontre assez de lièvres. Quelques faisans dans les prés. Et encore ce gibier provient des châteaux environnants. Il n’y a point d’oiseaux, ni d’insectes particuliers à signaler. Les corbeaux causent beaucoup de dégâts aux cultivateurs au moment des couvées. Ces nuées de corbeaux viennent en majeure partie des parcs de Courances et de Chamberjot où ils pullulent. Parmi les animaux nuisibles je citerai : le renard, la belette, la fouine, le putois qui détruisent une bonne partie du gibier, la vipère qui cause assez fréquemment des accidents. On rencontre beaucoup de vipères à Oncy ainsi que dans les environs. Certains bois du territoire en sont infestés. Le gentil écureuil est un habitant de ces bois, il est très commun.

§ III
A part quelques carrières de grès, l’industrie est complètement nulle à Oncy, et encore, beaucoup de carrières commencent à être abandonnées et tout fait prévoir que dans un avenir prochain, cette industrie aura complètement disparue. Le commerce est également nul à Oncy. C’est un pays essentiellement agricole. Les cultivateurs vont vendre leurs grains au marché de Milly. Les maraîchers fréquentent les marchés de Corbeil et de Melun.

III Esquisse historique
Au point de vue historique, aucun fait saillant n’est relevé dans les annales de la Commune. Bien qu’Oncy paraisse remonter à des temps assez reculés, rien dans les archives communales ne permet de faire une esquisse historique. Il n’y a aucun monument ancien signalé, aucun objet n’a été trouvé sur le territoire de la Commune qui puisse permettre de porter un jugement sur son origine. Avant 1892, les archives étaient déposées chez le Maire M. Gillet de la Renommière. Le peu de papiers qui a été réintégré à la Mairie n’a aucune importance au point de vue historique. S’il existait quelques pièces intéressantes, elles n’ont point été remises aux archives. Je n’ai pu trouver aucune pièce remontant avant 1789 sauf pour les registres de l’Etat-Civil dont la première année remonte à 1674. Le dernier registre ancien des délibérations du Conseil municipal ne remontent qu’à l’année 1838. Avant 1844, il n’y avait point de Mairie à Oncy. La Mairie était au domicile particulier du Maire. Il était donc détenteur des archives. Il est regrettable que les municipalités qui se sont succédé n’aient pas fait le nécessaire pour faire rentrer à la Mairie les archives antérieures qui devaient certainement exister. La période révolutionnaire, sans aucun doute, à Oncy comme ailleurs, a dû être remplie de faits intéressants. Il m’est donc complètement impossible de tracer l’histoire de cette époque faute de documents.

Le château – s’il est permis de lui donner ce nom – appelé château du prieuré, était autrefois un couvent occupé par des Prieurs. Il fut habité longtemps par la famille Gillet de la Renommière. Cette propriété entourée de murs renferme environ 7 hectares de terrain qui étaient couvert d’arbres. Elle vient d’être vendue dernièrement et le nouveau propriétaire, après avoir abattu les arbres et défoncé le terrain, l’a livrée à la grande culture. La maison d’habitation ne renferme rien de remarquable et ressemble plutôt à une ferme qu’à un château. Aucun souvenir historique ne s’y rattache.

L’église – ou plutôt une chapelle – dépendant de la paroisse de Milly, ne renferme rien d’intéressant, si ce n’est une bannière représentant Saint Martin, patron de la paroisse, à cheval, partageant son manteau avec un pauvre. Cette bannière est une tapisserie magnifique très antique, et d’une très grande valeur au dire d’amateurs. Il n’y a aucune architecture dans ce bâtiment et rien ne peut faire prévoir de quelle époque il date.

D’après les registres de l’Etat-Civil, ou plutôt registres paroissiaux, on voit qu’en 1674, Oncy dépendait de la paroisse de Milly-en-Gastinois, diocèse de Sens. Il faisait partie du baillage de Melun. Il y avait à cette époque 44 feux. Ce qui prouve que la population d’Oncy n’a guère varié, puisqu’aujourd’hui, il n’y a que 52 feux. Les registres jusqu’à l’époque de la Révolution furent tenus par le prieur-curé, qui s’intitule également seigneur d’Oncy.
En 1791, Oncy quitte le baillage de Melun pour faire partie du district d’Etampes. Les registres de l’Etat-Civil sont alors confiés aux municipalités et sont signés de l’Officier public.
Aujourd’hui la Commune d’Oncy fait partie du canton de Milly, arrondissement d’Etampes, département de Seine-et-Oise.
Un représentant du peuple nommé Couturier y vint en 1793 ainsi que le démontre l’acte de naissance inscrit aux registres de cette époque et que je reproduis textuellement : « A Oncy, canton de Milly, district d’Etampes, décadi dix frimaire l’an 2° de la République au nom de la loi et du peuple français : Moy, Jean-Pierre Couturier, représentant du peuple en course pour régénérer l’esprit autorités constituées, m’étant arrêté audit Oncy, s’est présenté devant moy le citoyen Nicolas Victor René Sulleau, ci-devant prieur-curé d’Oncy et universellement reconnu pour un excellent patriote. Ce citoyen m’a représenté qu’après avoir le premier dans le district rempli le vœu de la nature et de la loi, et brisé la chaîne des préjugés barbares en serrant les doux nœuds du mariage avec une républicaine, il avait encore le premier l’honneur et le plaisir d’être père, qu’il m’invitait dans la vue d’affermir l’esprit public et pour éteindre les restes de l’ancien préjugé, s’il en restait aucun, à constater solennellement sur les registres de cette Commune la naissance de la fille dont Marie Félicité Dufour, son épouse, est accouché le huit du présent mois frimaire, cinq heures du matin, et de signer moi-même le nom que cet enfant devra porter. J’ai en reconnaissance du zèle que ledit citoyen Sulleau a mis pour régénérer l’esprit public, accédé à sa demande, et après m’être assuré de ladite naissance par les témoignages de son épouse, et du sieur Denis Fautrois, chirurgien à Milly, son accoucheur, j’ai donné à cet enfant le prénom de Marie Jeanne Pétronille. – Présence de la citoyenne Marie-Louise, femme de Jean-Antoine Dufour, commis es-chef du bureau de la liquidation à Paris et aïeule maternelle de nouvelle née, et de la citoyenne Marie-Madeleine Chaudé, fille majeure, domiciliée à Milly qui ont signé avec moi, ainsi que le déclarant, l’officier public, Charpentier, Membre du Directoire du département de Seine-et-Oise, Secrétaire de la Commission, et Gerosne, Président du district d’Etampes, les jour ,moi et an dit. »

En 1796, ce même Victor René Sulleau, ancien prieur-curé d’Oncy, devint commissaire du Directoire exécutif, près l’administration municipale.
Tableau des Maires qui se sont succédé depuis 1800

1800 à 1808 – M. Meneux Jacques.
1808 à 1825 - M. Beauvilliers Louis.
1825 à 1831 - M. Duché Jacques.
1831 à 1835 - M. Pasquet de Leyde.
1835 à 1836 - M. Daguet
1836 à 1852 - M. Duché Jacques.
1852 à 1892 – M. Gillet de la Renommière.
1892 - M. Meneux Irénée.

Comme je l’ai dit plus haut, on n’avait pas de Mairie avant 1844. La Mairie se tenait au domicile particulier du Maire. Il n’y avait pas non plus de maison d’école. Nous verrons plus loin de quelle façon et où les enfants recevaient l’instruction. Sous l’administration de M. Pasquet de Leyde, la municipalité avait été sollicitée par l’administration préfectorale de se conformer à la loi de 1833 relative au traitement et au logement de l’instituteur. La municipalité n’avait pas cru devoir se conformer aux instructions données et avait rejeté le projet de construction de maison d’école. La délibération ci-dessous prise en 1833 va nous faire voir les considérations invoquées par le Conseil municipal :
« Le Conseil considérant que la situation de la commune d’Oncy qui se compose seulement de 52 maisons d’habitation et formant une faible population de 200 habitants, ne lui permet pas de conserver dans son sein un Instituteur qui serait livré exclusivement à l’instruction des enfants de la commune, attendu l’impossibilité de lui fournir un traitement aussi élevé que celui exigé par la loi, et de plus une maison d’école, sans compromettre gravement les intérêts des habitants, qui en général, sont fort peu aisés – Considérant que si depuis quelques années il existe à Oncy, un instituteur, c’est parce qu’il est de la commune même, qu’il y possède une petite maison, et quelques pièces de terre, qu’il fait valoir depuis son retour de l’hôtel des Invalides, où il avait été reçu, comma ancien militaire amputé – Considérant que la détermination qui l’a porté à se livre à l’instruction, tenait à l’assurance qu’il avait reçue de la Commune de Noisy (Seine-et-Marne) limitrophe d’Oncy, de lui procurer des élèves, sans lesquels kil n’aurait pu ouvrir une école, avec l’espoir d’un bénéfice, qui malgré ce surcroît, reste encore léger. – Considérant enfin, que pour l’effet de l’exécution de la nouvelle loi, les élèves de Noisy, dont la population est importante, vont se trouver distraits de l’école d’Oncy, qui sera restreinte aux seuls enfants de cette commune, qui sont en petit nombre, et qui, par la proximité de Milly, peuvent aller y recevoir l’instruction, puisque l’école gratuite, qui y est établie, permet d’y recevoir les enfants d’Oncy. – Est d’Avis à regret, de ne pouvoir voter les fonds nécessaires exigés pour l’exécution de la loi. - Fait et délibéré à Oncy, le 1er septembre 1833. »

Ce n’est que plus tard, en 1844, sous l’administration de M. Duché, que fut construite une école-mairie pour recevoir les enfants d’Oncy. Cette école, dont je donne la description plus loin, et qui répondait ou du moins semblait répondre aux besoins, à cette époque, fut plus tard jugée insuffisante. Sur les instances de l’administration supérieure, on construisit en 1887, derrière le bâtiment communal, une salle de classe spacieuse et confortable, où l’air et la lumière étaient répandus. La municipalité actuelle jugeant que la Mairie était exiguë et le logement de l’Instituteur insuffisant et malsain voulut apporter des modifications au bâtiment construit en 1844 ; mais en présence des difficultés qu’il y avait d’arriver à rendre convenable cette habitation, elle résolut de faire élaborer un projet de reconstruction complète. Ce projet fut approuvé en 1896 et réalisé en 1898.
Oncy a vu naître un artiste de talent, dont le nom, en général, est resté ignoré. Je veux parler du célèbre paysagiste Lantara.

Simon Mathurin Lantara naquit à Oncy, le 24 Mars 1729. Ce paysagiste distingué ne dut qu’aux heureuses dispositions dont la nature l’avait doué, la place qu’il sut conquérir parmi les artistes de son temps. Né et élevé aux champs, il habita plus tard à Paris et y conserva des habitudes en rapport avec celles de sa première jeunesse ; ses tableaux, malgré leur bien reconnus aujourd’hui, lui fournissaient à peine de quoi vivre et souvent il s’estimait heureux de les échanger contre les aliments nécessaires à la nourriture du jour présent. L’enfance de Lantara s’était passée à recevoir les leçons du Magister du village d’Oncy, puis à garder les bestiaux du châtelain de la Renommière. Le paysage était délicieux : la beauté des sites fit naître la vocation du jeune artiste. Le fils de son seigneur ayant deviné le peintre dans le berger, lui donna la main et l’emmena à Paris. Lantara troqua la houlette pour le pinceau et réalisa bientôt les espérances de son protecteur. L’inhabilité proverbiale du paysagiste pour l’exécution des figures lui valut la glorieuse collaboration des célèbres peintres Dumarne, Joseph Vernet et Casanova.
Sur la mémoire de Lantara pèse le reproche d’intempérance et de paresse. M. Emile B. de la Chavignerie qui s’est fait son historien, a essayé de laver sa mémoire de cette calomnie. Voici comment s’exprimait à ce sujet en 1852 M. le baron Van Tenac, président du comité central des artistes : « En effet, en rétablissant la mémoire calomniée du peintre Lantara, M. de la Chavignerie a vengé la classe méconnue des véritables artistes. Les gens superficiels et le vulgaire les traitent généralement avec peu de bienveillance. Pourquoi ? Des préventions stupides, transmises sans examens, exagèrent et perpétuent les excentricités de certains originaux qui ne sont, après tout, que des exceptions. A entendre cette foule abusée, les peintres, les sculpteurs seraient des êtres désordonnés, des ivrognes débraillés ; que sais-je ? Le vaudeville de Picard qui date de 1909, (Lantara ou le peintre au cabaret) n’a pas d’autre donnée, et si Lantara vivait de nos jours, il pourrait fort bien intenter à l’auteur un procès en diffamation. Ce vaudeville est tout simplement un mensonge chimérique, mais un mensonge sans importance. Et pourtant, un jeune artiste plein de talent a puisé là une heureuse inspiration : M. Faustin Besson a composé une charmante page qui représente Lantara au cabaret dessinant son poseur.

Or nous pouvons en croire M. de la Chavignerie, jamais Lantara n’a dessiné la figure. Il savait si peu faire les bonshommes, qu’il  les envoyait à la messe pour s’en débarrasser. On sait sa vie laborieuse. Ayant perdu son père, Lantara vendit les récoltes de la succession pour payer ses dettes et il se mit ensuite à l’ouvrage. Est-ce là le fait d’un paresseux désordonné ?
Lantara allait au cabaret, aujourd’hui il irait au restaurant. Serait-il exposé encore au reproche d’intempérance qui pèse sur sa mémoire ? Pas plus que tant d’hommes honorables qui ne pourraient vivre autrement, éloignés qu’ils sont de leurs familles. Comme eux, il lui serait permis d’aimer le charme d’un gai festin, où l’esprit s’aiguise, où l’inspiration naît et se poétise.

Le pauvre artiste manquait de tout, et il ne voulait pas se dessaisir d’un paysage où il entendait chanter sa Jacqueline ! …. Son seul amour.
Etait-il un sybarite insensible aux douces émotions, aux tendres sentiments ?

Enfin, Lantara mourut pieusement à l’hôpital de la Charité entouré des soins de la religion, ce n’était donc point un mécréant.
Un bel esprit de l’époque lui composa une épitaphe dont voici le texte :
Ci-gît le peintre Lantara
La foi lui tenait lieu de livre
L’Espérance le faisait vivre
Et la Charité l’enterra


Le 6 juin 1852, eut lieu à Oncy une grande fête à l’occasion de l’inauguration d’une plaque commémorative sur la chaumière natale du peintre Lantara.
Sur cette plaque de marbre noir, on lit l’inscription suivante gravé en lettre d’or, dans l’intérieur d’un champ ayant la forme d’une tessère antique :


Dans cette chaumière
Est né le 24 mars 1729, le peintre Lantara
Mort à Paris le 22 Xbre 1778
Souvenir de ses concitoyens
1852

Cette inauguration eut lieu avec un grand éclat. Une souscription avait prévu à toutes les dépenses, l’autorité publique avait favorisé cette manifestation, et après l’approbation obtenue de M. le Ministre de l’Intérieur, sur la demande de M. le Préfet de Seine-et-Oise, le jour de la cérémonie avait été fixé au Dimanche 6 juin et M. le Sous-Préfet d’Etampes avait été officiellement délégué pour y présider. Le comité central des artistes à Paris s’y était fait représenter par MM. Le baron Van Tenac, Couder-Jeune, Le Gonisel et Guersant. Des artistes renommés que la belle saison ou de sérieux ouvrages avaient réunis à Fontainebleau : M.M. Auguste Couder, Membre de l’Institut, ses amis et émules Schopin, Decamps, Biard, Joly et Tétaz, architecte, ancien prix de Rome, s’étaient rendus à Oncy pour prendre part à l’objet de cette intéressant cérémonie.

L’Instituteur d’Oncy, à cette époque, M. E. Morel, avait recueilli dans cette occasion, tous les fruits de ses anciennes études sur la poésie française et se conformant scrupuleusement à toutes les règles sur la matière qu’il n’avait pas oubliées ; il avait composé une cantate en quatre strophes, qui fut chantée sur la place publique par les élèves de son école. Voici cette cantate qui fut chantée sur l’air de « Vive la France »
A Lantara
Je te salue, à toi humble chaumière
Où vit le jour un peintre distingué,
Grâce à des cœurs qui aiment la lumière
Nous jouissons d’un spectacle parfait !
Honneur et gloire
A Lantara
Dans la mémoire
Toujours il régnera.
Notre village était bien peu de chose
Mais aujourd’hui le voilà rehaussé,
On l’embellit d’une pierre qu’on pose,
Qui fera dire aux passants édifiés :
Honneur et gloire
A Lantara
Dans la mémoire
Toujours il régnera.
Il naquit pauvre et il mourut de même,
A son talent il doit tous les honneurs,
Enfants d’Oncy, dans ce moment suprême,
Nous lui faisons hommage de nos cœurs
Honneur et gloire
A Lantara
Dans la mémoire
Toujours il régnera.
Ô ! Grand merci aux hommes pleins de zèle,
Qui, employant leurs veilles, leurs labeurs,
Ont honoré des peintres le modèle,
Et dissipé le mensonge et l’erreur !
Honneur et gloire
A Lantara
Dans la mémoire
Toujours il régnera.

Depuis cette époque, tous les ans, le dimanche de la Trinité, a lieu une fête champêtre, destinée à perpétuer le souvenir du peintre Lantara

Situation financière de la Commune en 1899
Ces impositions extraordinaires proviennent
1° de la construction d’une salle de classe en 1887 ;
2° de la reconstruction du chemin vicinal ordinaire n° 1 en 1896 ;
3° de la reconstruction de la  Mairie et du logement de l’Instituteur en 1898.


En 1822 les recettes n’étaient que de 346,90 f. et les dépenses de 202,67 f. Par la différence énorme qui existe entre ces deux chiffres on peut voir quel a été le développement économique de la Commune depuis près d’un siècle. Depuis 1870 la situation budgétaire pour les recettes et dépenses ordinaires n’a pour ainsi dire pas varié, car à cette époque les recettes et dépenses s’élevaient à 4121,15 f. C’est donc à peu de choses près la même situation financière.
Les dépenses extraordinaires, comme on le voit, proviennent de l’amélioration apportée au point de vue de l’instruction publique.

Il n’y a pas lieu de croire que cette situation changera de longtemps. La Commune n’étant pas appelée à se développer.
IV. Instruction publique
Il m’est impossible de décrire l’état de l’enseignement dans la Commune avant la Révolution, faute de renseignements .Le premier instituteur (maître d’école à cette époque) que l’on voit en fonctions en 1818 est M. François Dumaut. Ancien soldat de l’Empire, François Dumaut sortit de l’Hôtel des Invalides ; il était amputé d’une jambe et avait reçu la croix de la Légion d’Honneur. Il était du pays, il s’installa dans une maisonnette que ses parents lui avaient laissée et qui existe encore de nos jours. Là, il réunissait quelques enfants autour de lui, la Commune n’ayant ni Mairie ni Ecole. Son savoir n’était pas bien grand, son enseignement se bornait à apprendre à lire, à écrire et à compter. Point de mobilier scolaire. Les enfants étaient assis sur des bancs et tenaient sur leurs genoux une planchette qui leur servait de pupitre. Je ne pourrais dire combien François Dumaut percevait par élèves. Peu de chose sans doute. En hiver, chaque enfant apportait sa bûche et contribuait ainsi au chauffage de la salle. La commune n’allouait aucun traitement au maître d’école. Seule, une indemnité de logement de 30 francs par an lui était accordée. Comme sa profession n’était guère lucrative, il fabriquait entre temps des allumettes soufrées. En 1835, sa situation s’améliora ; un traitement de 200 francs lui fut accordé. C’était une conséquence de la loi de 1833 sur l’instruction primaire.

Comme je l’ai dit plus haut, en 1844, la Commune, pressée par l’Administration supérieure, se décida à construire une maison d’école. Cette maison qui vient d’être démolie, il y a un an, était loin d’être confortable, mais à cette époque elle semblait répondre aux besoins. Les instituteurs, à cette époque, débutaient jeunes et étaient par conséquent célibataires. La nécessité d’un logement confortable ne se faisait pas encore sentir.
La salle de classe était toute petite. La superficie était de 20 mètres carré, elle n’avait que 3 mètres de hauteur. Eclairée seulement par deux petites fenêtres, elle était humide et malsaine. Il n’y avait ni sous-sol, ni cave au-dessous ; il fallait descendre une marche pour y pénétrer.

Comme mobilier : deux grandes tables à 10 places, un petit bureau pour le maître, une carte, un tableau noir, quelques tableaux de lecture et c’était tout. Quant au logement de l’Instituteur, il se composait uniquement d’une salle en bas et d’une chambre en haut. Le reste ainsi que les greniers étaient mis en location tous les ans, pour servir aux cultivateurs à renfermer leurs récoltes. Cette location s’élevait à peu près à 20 francs par an. Ce n’est qu’en 1868 que ces locations cessèrent et que la Commune fit faire une seconde chambre pour l’instituteur. En 1874, construisit à côté de ce logement une cave avec une buanderie au-dessus qui servit de cuisine aux instituteurs qui se succédèrent.
En 1886, la municipalité, sollicitée par l’Administration supérieure d’améliorer son local scolaire, se décida à construire une nouvelle salle de classe. Elle acheta le terrain nécessaire et fit construire une salle spacieuse très confortable, éclairée par quatre grandes fenêtres. Elle a une superficie de 42 mètres carrés et 4 mètres de hauteur. Le mobilier scolaire a été complètement renouvelé. Les vieilles tables ont disparu pour faire place aux tables à deux places nouveaux-modèles avec dossiers. La collection des cartes Vidal-Lablache au complet, orne la classe. Tout le matériel scolaire nécessaire pour concourir à rendre l’enseignement fructueux existe : tableaux noirs, tableaux de lecture, cartes géographiques, tableaux d’histoire naturel, compendium métrique, etc.

Une bibliothèque scolaire crée en 1868 n’a cessé de s’enrichir de nouveaux volumes.
C’était très bien d’avoir songé à l’amélioration du local scolaire ; mais il restait le logement de l’Instituteur qui était humide, malsain et insuffisant.

La municipalité actuelle, malgré les sacrifices énormes qu’elle allait imposer à la Commune décida en 1896 de raser la maison d’école construite en 1844 et fit établir un projet qui a reçu complète exécution en 1898. La photographie jointe au plan d’ensemble indique suffisamment le confortable de la nouvelle maison d’école.
J’ai indiqué plus haut quelle était la situation de l’instituteur François Dumaut qui ne reçut aucun traitement jusqu’en 1835. Ce n’est qu’à cette époque qu’un traitement de 200 francs lui fut accordé. Cette situation n’était guère meilleure en 1852 avec M. Morel, ancien officier de marine, qui lui succéda à cette époque.

Cet instituteur ne resta qu’un an à Oncy faute de moyens d’existence, sans aucun doute. Il était, paraît-il, très lettré. Le chœur que j’ai cité plus haut, et qu’il fit chanter à ses élèves lors de l’inauguration de la plaque commémorative placée sur la chaumière natale du peintre Lantara en est une preuve. M. Morel avait laissé une bonne impression dans la commune, car son souvenir est resté très vivace même aujourd’hui parmi la population.
La situation pécuniaire de l’Instituteur va s’améliorer de plus en plus. En 1853 l’Instituteur a un traitement fixe de 600 francs formé de la rétribution scolaire et des subventions de l’Etat, du Département et de la Commune. Il est déjà plus instruit que ses prédécesseurs. Le brevet de capacité va être exigé. Quoi que cela, l’enseignement ne se borne guère qu’à la lecture, l’écriture, les 4 règles, le catéchisme et l’Histoire sainte. Quant à l’Histoire et à la Géographie, cet enseignement n’existait pas.

D’un autre côté, à cette époque, l’instituteur était tenu moyennant une faible rétribution de 40 francs par an de chanter aux offices et de sonner l’Angélus. Cette coutume ne disparaît qu’en 1887.
En 1866, la municipalité commence à accorder un supplément de traitement de 80 francs à l’Instituteur. Avec le chant à l’église, le secrétariat de la Mairie et quelques arpentages, il arrive à se constituer un traitement de 900francs.

En 1869, le traitement fixe est de 700 francs ; il passe à 800 f. en 1872 et à 900 f. en 1875… L’Instituteur avec les accessoires se fait un traitement de 1200 francs. La situation ne varie guère jusqu’en 1880. A cette époque le traitement fixe est de 1200 francs. L’Instituteur voit ses ressources s’élancer à 1600 francs. Le supplément communal est porté à 140 francs. Un cours d’adultes commence à fonctionner. L’Instituteur reçoit 75 francs pour cette classe supplémentaire. Le supplément communal porté à 300 f. en 1886 améliore encore la situation. Les ressources de l’Instituteur atteignent 1800 f. . A partir de 1895, le secrétariat de Mairie est mieux rétribué De sorte qu’à l’heure actuelle, un instituteur de 5e classe peut accuser un traitement moyen de 2000 francs. Nous sommes loin du traitement de 1835. La population scolaire à Oncy, avant la gratuité, n’était guère que de 15 à 20 élèves. Depuis 1882 le nombre des élèves n’a guère varié entre 30 et 35. Je dois ajouter que les enfants sont admis dès l’âge de cinq ans, comme dans toutes les écoles où il n’existe pas d’école maternelle.
Tableau des Instituteurs qui se sont succédé à Oncy

Entré                                   Noms des Instituteurs                                 Sortie
1818                                      M. François Dumaut                                  1851
1851                                      M. Morel                                                   1852
1852                                      M. Garin                                                    1854
1854                                      M. Mussard                                               1856
1856                                      M. Gaillard                                               1856
1856                                      M. Boulard                                                1857
1857                                      M. Merson                                                 1862
1862                                      M. Gilee                                                    1869
1869                                      M. Maison                                                 1871
1871                                      M. Dennist                                                 1874
1874                                      M. Decourbe                                              1875
1875                                      M. Didon                                                    1877
1877                                      M. Pathey                                                   1884
1884                                      M. Leclerc                                                 1887
1887                                      M. Yvain                                                    1895
1895                                      M. Papineau


Actuellement, l’effectif scolaire est de 34 élèves des deux sexes. Les nouveaux programmes sont appliqués conformément à l’organisation pédagogique du Département de Seine-et-Oise. Depuis plusieurs années de nombreux élèves ont obtenu le certificat d’études. A la dernière session, 5 élèves l’ont obtenu.
Au point de vue de l’installation matérielle, rien ne laisse à désirer. Le mobilier scolaire qui ne date que de 1887 est conforme aux instructions ministérielles. Tout le matériel nécessaire à un enseignement fructueux existe dans l’école.

Les cours d’adultes réorganisés depuis quatre ans sont très fréquentés. De nombreuses conférences populaires avec ou sans projections attirent un grand nombre d’auditeurs des deux sexes pendant la durée de l’hiver.
Une Caisse des Ecoles fondée en 1895 fonctionne admirablement et rend de grands services à l’enseignement dans la Commune.

Une société de mutualité scolaire fondée cette année dans l’arrondissement d’Etampes a trouvé de nombreux adhérents à Oncy, 27 élèves en font partie.
Il est heureux de constater que la municipalité d’Oncy depuis quelques années s’est imposé de grands sacrifices pour le bien de l’instruction des enfants. Non seulement elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer la situation pécuniaire de l’Instituteur ; mais encore elle s’est occupée du bien être matériel en faisant construire un bâtiment scolaire parfait.

Elle a établi la gratuité des fournitures scolaires, elle a dépensé largement pour contribuer à l’instruction des adultes et au développement des œuvres post-scolaires. C’est un honneur pour elle.
                                                                  Oncy, le 22 septembre 1899
                                                                  L’instituteur
                                                                  E. Papineau