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vendredi 3 janvier 2014

De l'hippomobile à l'automobile



Au recensement de 1876, apparaît le nom d'Anastase Poiget. Il est  charron au 5 rue du Lau. Le Grand Larousse de l'époque le définit comme étant un ouvrier qui fait des charrettes, des chariots, et, dans les autres voitures, les roues, les brancards et tout ce qui en constitue la carcasse. Les voitures étaient hippomobiles, quand ce n'étaient pas des ânes ou des mules qui les tiraient. C'étaient selon la richesse des gens.

En 1881, Arsène Poiget est carrossier et forgeron. A cette date, toujours selon le même dictionnaire, le carrossier n'est encore que le fabriquant, le vendeur ou le conducteur de carrosse. 

En 1886, Arsène Poiget est toujours carrossier. Il est aidé par son père  Anastase, lui aussi carrossier et son frère Alcide qui est forgeron. Les véhicules mus par un moteur à essence commençant à circuler, les carrossiers devaient s'occuper de carrosserie en métal.

En 1891, les deux frères Arsène et Alcide Poiget se font aider d'un ouvrier sellier, d'un ouvrier charron et d'un ouvrier forgeron. En plus des tombereaux agricoles, on devine l'apparition de calèches confortablement rembourrées.

En 1896, Arsène Poiget se fait recenser comme « fabricant de voitures ». Il est aidé de deux charrons, d'un forgeron, d'un serrurier et d'un sellier. On ne peut pas encore deviner si les voitures sont automobiles.

En 1901, Arsène Poiget est carrossier. Il est aidé de son fils André né en 1889 qui est déclaré comme forgeron. L'atelier s'enrichit d'un autre forgeron, de  quatre charrons, de deux selliers, d'un peintre en voitures et d'un livreur. Autant de monde est la preuve d'une grande activité. Le nombre d'ouvriers travaillant le métal commence à faire supposer la fabrication de véhicules automobiles.

Famille Poiget, vers 1905.
En 1906, Arsène Poiget est toujours carrossier, il est aidé d'un autre carrossier, de quatre forgerons, de quatre charrons, de deux peintres en voitures et d'un sellier.
 

Publicité de 1909.
En 1911, le recensement indique Rose Eugénie Tixier et son fils Marcel Poiget, né en 1900.  Rose Eugénie Tixier a succédé à son mari Arsène Poiget décédé en le 02/11/1909. Ils sont aidés par deux selliers, trois forgerons, trois charrons, un menuiser en voiture et de deux peintres en voiture.

Dans l'Abeille d'Etampes daté du12 mars 1912 on pouvait lire à propos du Char de la Musique, lors de la Cavalcade en honneur de l'aviation : Celui-ci, monté et décoré dans les ateliers de Mme veuve Poiget, représente une gigantesque automobile. ...


Char des Musiciens
Toujours dans le même journal en date du 5 juillet 1912, relatant  la fête de l'Agriculture à Milly, on pouvait lire : « On fait cercle autour de l'exposition de quatre voitures sorties de la carrosserie Veuve Poiget ; l'attention des visiteurs se portait tout particulièrement sur l'une d'elles qui n'était ni peinte, ni garnie. »

Publicité de 1913.
En 1921, l’entreprise est dirigée par Rose Eugénie Tixier. On y retrouve également  Fernande André veuve de d’André Poiget et Marcel Poiget qui est carrossier. Ils sont aidés de trois menuisiers, un sellier, un forgeron, deux charrons et d'un mécanicien.
 

Publicité de 1922.

En 1924 La presse locale écrivait : Au concours agricole des 28 et 29 juin, la carrosserie Poiget faisait valoir la solidité de ses voitures de culture, l'élégance, le  fini de ses modèles pour autos, voitures, landaus, etc.

Dans son livre, « Promenade historique et archéologique dans Milly-en-Gâtinais », publié en 1925, Georges Lasserre signale également la carrosserie Poiget.

Garage Poiget.

En 1926, Marcel Poiget est carrossier. Il fait travailler quatre mécaniciens, deux selliers, trois forgerons, deux charrons, un ajusteur, un menuisier, une couturière et un peintre.

Pour 1931, Marcel Poiget, carrossier a embauché un sellier, un charron, un forgeron et trois mécaniciens.

1936 est le dernier recensement disponible. Marcel Poiget est garagiste avec deux mécaniciens, un apprenti, un forgeron et un sellier. Il commercialise des véhicules Peugeot.

Publicité de 1932.
Les véhicules fabriqués à la chaîne dans de grandes usines ont fait disparaître les petits constructeurs.

En 1952, après le décès de Marcel Poiget, Jacques Founillon aidera son père à vider l'atelier. Il se souvient d'y avoir vu des lanternes en cuivres, de grandes roues de charrettes et une calèche en bon état.



Nous ne savons pas à quoi ressemblaient ces véhicules. Des collectionneurs qui répertorient les fabricants de cette époque ont été interrogés : ils ignoraient cette marque. Mais ce n'est peut-être pas si surprenant. La carrosserie Poiget ne se présentait pas comme un fabriquant de voitures ; il n'avait pas le personnel qualifié pour le faire, mais comme un constructeur (un jeu de construction, un mécano!). Un célèbre marchand suédois de meubles n'a rien inventé. Les voitures arrivaient en kit et étaient assemblées. C'était courant.  La couturière, les selliers, les peintres, les carrossiers « customisaient » le véhicule selon les désirs des clients. « Carrosserie industrielle, commerciale et de luxe » précise la publicité de 1922.

Il est certain que l'arrivée du chemin de fer à Milly a permis l'arrivage de gros colis.

Un constructeur de voitures automobiles à Milly, ville qui n'avait que 2229 habitants en 1921 (2416 avant la guerre), c'est quelque chose qui n'est pas banal et qu'il faut noter.


Si vous avez des photos, ou tous autres documents, ils seront les bienvenus.

Généalogie simplifiée de la famille Poiget :


  Maurice Gelbard et Eric Gachot