Le 13 avril 1957 à 14h15 à Milly-la-Forêt. Françoise Sagan attend à déjeuner le
couple Jules Dassin et Melina Mercouri dans le moulin de Coudray qu’elle a loué
à Christian Dior afin de profiter du calme de la campagne pour écrire. Les
invités tardent, elle va à leur rencontre, embarquant avec elle dans son
puissant et luxueux cabriolet Aston Martin DB2/4 ses amis Voldemar Lestienne,
Véronique Campion, l’inséparable Bernard Frank, et son frère chéri, Jacques.
Les deux autos se prennent en chasse par bravade. Sagan ne s’en laisse pas
conter et accélère vivement. A plus de 175 km/h, sur la petite route de
campagne, le dérapage est inévitable. Elle freine, les roues se bloquent, le
cabriolet dérape et fait deux tonneaux puis termina son périple dans un champ. Les trois passagers, Bernard Frank,
le reporter Voldemer Lestienne et une amie Véronique Campion furent éjectés. Françoise,
immobilisée sur son siège, reçut une tonne et demi de ferraille sur le dos.
Inconsciente, une mousse rosâtre aux commissures des lèvres, elle fut
transportée à la clinique de Neuilly. L’état de blessée semblait si désespéré
qu’un prêtre vint d’office lui administrer l’extrême-onction. Le soir même, un
gros titre s’étalait sur la première page de France-Soir
: « Françoise Sagan : Pronostic réservé pendant quarante –huit heures ». La
France tout entière inquiète était dans l’attente On n’avait pas oublié la mort
du jeune James Dean, vedette du film La
Fureur de vivre tué à vingt-quatre ans au volant de sa Porsche,
l’année précédente …
Les médecins diagnostiquèrent un enfoncement de la
cage thoracique, une fracture du bassin, et une double fracture du crâne. La
douleur sera intense pendant plusieurs mois et pour la calmer les praticiens
auront recours à la morphine.
Écoutant la radio dans sa voiture, l’éditeur Guy
Schoeller apprit l’accident. Il se rendit sur le champ à la clinique de Neuilly
et fit cette promesse à Françoise : « Si tu guéris, je t’épouserai ».
Françoise était jeune, de bonne constitution, elle
s’en sortit sans séquelles.
Après six mois de rééducation elle se sentit
complètement guérie et, le 13 mars 1958, elle devint Mme Guy Schoeller à la
mairie du 17ème arrondissement. Les époux souhaitaient une cérémonie intime, -
ils n’étaient entourés que de quatorze invités - mais ils ne purent éviter la
foule de photographes et de journalistes qui se pressait devant la mairie.
Reconstitution du 19 octobre 1957