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samedi 13 décembre 2008

Inauguration de la gendarmerie de Milly en Gâtinais

Devant notre Hôtel de Ville magnifiquement pavoisé et par un temps vraiment radieux où le soleil venait de sa présence rehausser l’éclat de cette journée qui s’annonçait sous les meilleurs auspices, le long cortège des officiels et la foule attendaient patiemment l’arrivée de M. le Préfet, quand on put craindre qu’un regrettable contre-temps vint obliger à modifier le programme, un appel téléphonique du Ministre de l’Intérieur avisait en effet que M. Billecard étant retenu, il demandait qu’il soit procédé en son absence aux opérations du Conseil de Révision.

Il en fut ainsi et tout se terminait, quand un second appel retentit, venant informer du départ de Paris et annonçait l’arrivée dans 40 minutes de M. Billecard. En effet, à 12 heures moins 20, précédé d’une escouade de motocyclistes de la police de la route, une voiture gouvernementale s’arrêtait devant le perron de la Mairie où M. De Ganay, conseiller général, et M. Loubière, Maire, accueillaient M. le Préfet en lui présentant les diverses personnalités du canton et les invités groupés sur la place même, dans un caractère de grande simplicité, évitant de pénétrer dans l’édifice municipal pour ne pas retarder pas trop l’horaire.


L'ancienne gendarmerie

Un cortège se formait aussitôt et arrivait à notre nouvelle Gendarmerie où une foule compacte était maintenue par le service d’ordre ; la clique de la Fanfare municipale exécutait avec brio des sonneries militaires et une section de gendarmes présentait les armes ; M. le Capitaine Verstracte, commandant la compagnie d’Etampes, faisait les honneurs du casernement qui recueillit les appréciations les plus flatteuses. On admira la sobriété de la construction qui s’allie si parfaitement à sa solidité spécialement conçue en vue de la défense passive et on vanta le confort et le pratique des appartements et dépendances.
Le départ s’opéra avec la même cérémonie que l’arrivée et par nos promenades, l’on se dirigea vers le Boulevard du Nord où devait être servi un grand banquet dans la Salle des Fêtes. Une table de 62 couverts, dressée avec goût, ornée d’œillets roses, dans ce cadre élégant que pas la moindre décoration ne venait modifier, mais où un magnifique parterre d’innombrables fleurs mélangées aux plantes vertes semblait avoir soudainement surgi pour l’enchantement des yeux. Sur la scène elle-même et devant comme une exposition dans la verdure touffus des ruscus esculantus, des cyclamens rouges écarlates s’harmonisaient avec le rideau grenat dont les plis baignés par le soleil avaient des reflets de pétales de roses. Dans toute la salle, il en était de même où les fleurs et les plantes vertes étaient disposées en parterre.
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Le menu composé de mets succulents abondamment servis, justifia la réputation si méritée de l’excellent traiteur milliacois Pariot qui s’était vraiment surpassé ; le service fut en tous points parfait et les convives ne cessèrent de louer cette réception.

Au dessert, la parole fut donnée à M. Loubière, maire, qui, d’une voix bien timbrée, salua en termes aimables au nom de la municipalité, M. le Préfet qui était notre hôte pour la première fois depuis qu’il assure la lourde tâche d’administrer notre grand département. Il lui traduisit avec sentiment sa gratitude pour l’aide bienveillante qui lui a été apportée par lui-même et ses services dans les dernières années, associant son collaborateur M. le Sous-Préfet de Corbeil à la reconnaissance exprimée.


La nouvelle gendarmerie

doit faire cesser les luttes intestines, se grouper, faire front. Notre Pays, capable des plus prodigieux redressements, des plus magnifiques réactions à une heure grave, ne doit pas attendre celle-ci s’il veut éviter le péril ; c’est à moins cinq qu’il faut sonner le rassemblement ». Et, baissant le ton, il dit qu’il est de son devoir de déclarer que cette heure est arrivée, la situation est alarmante, il est grand temps de se ressaisir ; avec fermeté, il insiste en ces termes pathétiques, s’excusant d’assombrir cette fête. A ce moment, de l’extérieur, les cuivres de conscrits font entendre une joyeuse sonnerie, et c’est alors qu’en termes émouvants, il s’écrie : « Ressaisissons-nous, unissons-nous si nous ne voulons pas entendre un matin une pareille sonnerie dont les accents seraient si tristes ! ». Il termine enfin sur une note d’espoir basée sur les hautes ressources morales, économiques et financières de notre beau Pays dont il salue le chef en la personne de M. le Président de la République, à la santé duquel il convie l’assemblée à lever son verre. Un tonnerre d’applaudissements couvre ces dernières paroles ; on prolongerait volontiers la réunion, mais il est déjà très tard, on attend ailleurs et l’on doit se séparer.
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L'Abeille d'Etampe du 15 avril 1939.