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mardi 22 février 2011

LA VOITURE... A PERROT


Milliacois, vous n'êtes malheureusement plus nombreux qui avez vécu à la Belle Epoque aux alentours de 1900 et qui avez connu la vieille diligence qu'on appelait familièrement la "Patache" ou "la voiture à Pérrot".
A ce moment, le siège de l'Entreprise était situé rue Langlois au 43, avec ses prolongements sur une vaste cour (ancienne dépendance du monastère de PERONNE se terminant par le Vieux Colombier toujours existant de nos jours).
Il y avait écuries et remises des voitures de l'Entreprise.
L'impasse qui y conduisait avait été baptisée par un voisin facétieux du nom de PIE VII... pour des besoins sur lesquels nous n'avons pas l'obligation d'insister...
L'omnibus, pour parler en termes non péjoratifs de la "Patache" assurait à lui seul la correspondance avec la gare de MAISSE.


La "Patache" , devant la Poste

Cette voiture avait conservé sa forme si particulière, telle que nous la retrouvons d'après les vieilles gravures de l'époque du Courrier de LYON...
Toutefois, il y avait deux modèles en service à MILLY. La grande voiture, sans capote, pourvue de deux banquettes "à l'impériale" faisant face à la route et située juste au-dessus du siège du cocher.
Cette voiture était tirée par deux solides percherons.
La petite voiture, avec sa capote en cuir couvrant le devant du véhicule et qui n'était tirée que par un seul cheval. A l'intérieur, deux banquettes en bois latté se faisant face, tant dans un modèle que dans l'autre.
L'hiver, pour pallier au froid qui se glissait sous les lames mal jointes du plancher, une botte de paille tenait lieu de chaufferette.
Une petite lampe à huile éclairait faiblement l'intérieur lorsque toutefois on avait songé à la moucher... et à l'abreuver d'huile.
Une deuxième lanterne était dehors sur le côté gauche du véhicule. En 1910, il n'y avait plus guère de ce genre de véhicule en service et dans la banlieue parisienne, il devait être à peu près unique. Aussi à cette époque, une firme cinématographique débutante, vient tourner une scène de "FRA DIAVOLO" à la Garenne et la "Patache" servit pour reconstituer l'attaque d'une diligence par des bandits Calabrais...



Route de Maisse

Mais revenons à son utilisation sur le plan local.
La recette se fait pendant la montée de la côte, soit vers MAISSE ou MILLY inversement, cependant que l'attelage montait au pas. Il fallait compter 35 minutes de trajet ; la côte en prenant 10 à 15 à elle seule.
Les chevaux étaient à tel point habitués au voyage qu'ils montaient sans le secours du conducteur occupé à faire sa recette à l'intérieur.
Et nous pouvons assurer que lesdits chevaux tenaient bien leur droite... sans connaître leur code de la route...
Fait remarquable : on ne signala jamais un accident... et pourtant, quelquefois, la surcharge était grande, car les voyageurs se trouvaient juchés sur le toit à l'emplacement des bagages et la voiture de ce fait tanguait terriblement.
Les horaires étaient scrupuleusement respectés. L'hiver, par temps de neige, les chevaux étaient ferrés et cloutés consciencieusement.
A l'arrivée du train de PARIS, chacun se précipitait vers la diligence pour y prendre place, car il pouvait arriver ce qui était rare qu'on atteignit le complet et qu'on laissât des voyageurs venir à MILLY à pied.
Quelques uns d'ailleurs, par les beaux jours, s'y astreignaient volontairement.
Les veilles et jours de fêtes, les services étaient doublés et quelquefois triplés et la cavalerie pourtant importante de la maison PERLOT était... sur les genoux.
La retenue des places se faisait sans délivrance de tickets, il suffisait de se faire inscrire simplement chez M. PERROT, rue Langlois.
La cavalerie de M. PERROT était renommée et on la citait de très loin à la ronde. Le matériel comportait un grand char à bancs qui se nommait "La Milliacoise" et qui se louait pour les mariages, les déplacements de sociétés et les excursions.
La voiture apportait la petite messagerie et les journaux parisiens que les deux dépositaires d'alors se hâtaient de plier pour les porter à domicile aux habitués et ceci gratuitement (12 - 14 ou 16 pages... pour un sou).



D’après un texte  M. Marcel HOUDY