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vendredi 25 mai 2012

Le Menhir de la Croix Saint-Jacques à Tousson


Le Menhir récemment redressé de Tousson (Seine-et-Marne)
par
le Dr ATGIER (de Livry, S-et-O)


Un menhir, jadis enfoui dans le sol, vient d’être redressé dans la commune de Tousson. Il est situé à vingt pas de la route de Malesherbes à Tousson, et à un kilomètre à peine de cette localité.
Il mesure environ 3 mètres d’émergence au-dessus du sol. Il a 1m25 m de largeur à sa base. Il diminue de largeur insensiblement jusqu’à son tiers supérieur où elle n’est plus que de 1m08.
A ce niveau, sa largeur diminue encore, par suite d’une sorte de brisure ancienne.
A son sommet, une autre brisure, ancienne également, le rétrécit encore davantage ; il n’a plus que 0m75 de largeur environ. Ces mesures sont prises sur sa face Nord-nord-ouest, qui est légèrement convexe, tandis que toutes les autres sont équarries ; cette face est tournée vers la commune de Tousson.
La pierre est en grès rose, fin et dur en surface ; à quelques centimètres de profondeur, il est blanc et plus dur.

A 0m10 au-dessus du sol et à droite, cette face présente une excavation ancienne, ressemblant à une petite cupule, de 0m05 de diamètre, mais en la sondant, on s’aperçoit qu’elle est plus profonde que les cupules ordinaires, car cette profondeur est de 0m12 et ne peut être qu’un ancien trou de mine.

Sa face latérale Ouest est moins large que la face antérieure ; il en est ainsi de la face latérale Est.

Quant à la face Sud, elle présente à peu près les mêmes dimensions que la face antérieure, sauf sa convexité.


Ce mégalithe fut retrouvé dans les conditions suivantes. Le propriétaire du champ trouvant qu’il était gênant pour le labour, fit creuser tout autour, dans le sol où il était enfoui à
60 centimètres de profondeur.

Quand le mégalithe fut mis à découvert le propriétaire, qui avait aussi trouvé, tout auprès des haches préhistoriques, prévint la Société archéologique de Fontainebleau, qui s’entendit avec un entrepreneur de Malesherbes, pour l’extraction et l’érection de la pierre, érection qui fut effectuée à 50 mètres environ du lieu de l’extraction.

L’extraction fut opérée de la manière suivante. On parvient à passer sous la pierre des madriers ronds et des madriers dits à lumière, c’est-à-dire percés de trous à leurs extrémités, permettant d’y introduire des leviers servant à faire tourner ces madriers à la manière d’un palan et de faire avancer ainsi la pierre, de madrier en madrier.

Quand le mégalithe eut franchi son excavation, on passa des crics au-dessous, entre les madriers ; il fut ainsi soulevé et érigé sans que l’on ait eu recours à des cordes ou des chèvres, mais non sans la brisure de plusieurs madriers.

Les brisures du sommet du menhir, le trou de mine susdit de la base prouvent qu’il y a eu, à une époque indéterminée, des tentatives de destruction par fragmentation du monolithe.

Ce bloc énorme de grès, trouvé sur un plateau élevé de terrain calcaire tend à prouver que sa présence en ce lieu n’est pas fortuite et qu’il a du y être apporté par la main de l’homme pour des raisons majeures en leur temps.

Depuis quand était-il enfoui en ce lieu ? Nul ne le sait, aucune légende, aucune croyance, sur son érection d’autrefois, sur sa disparition ou son enfouissement ne sont restées dans la mémoire des habitants. Avait-il été enfoui à l’époque des renversements de mégalithes cultuels pour éviter sa profanation ? On ne peut faire que des conjectures à ce sujet.

A deux pas du mégalithe a été trouvé aussi un fragment de couteau en calcédoine, recouvert d’une belle patine blanche. Tous ces faits permettent donc de penser qu’il existait en ce lieu une station préhistorique funéraire ou culturelle.

Sources : Bulletin de la Société préhistorique française de 1913 - Volume 10 - Numéro 4