Actualités : Exposition : Les rues de Milly-la-Forêt ont une histoire en septembre 2023

mercredi 13 février 2008

Boulevard du Sud de Milly la Forêt

La partie comprise entre le château d’eau et la rue Saint-Wulfran, s’appelait anciennement rue Belhommé et boulevard de la Mare de Lyon ; - de la rue Saint-Wulfran à la rue Saint-Jacques ; boulevard de la Rue Neuve – et enfin la partie comprise entre la place Saint-Jacques et la rue Farnault, se nommait boulevard Saint-Jacques et bordait le jardin de « Tivoli ».

Le marché aux chevaux se tenait sur ce boulevard en face de la Mare de Lyon où s’élève actuellement le château d’eau.

Sources : Les Rues de Milly - Promenade historique et archéologique dans Milly-en-Gâtinais par Georges Lasserre (1930).


Ce boulevard fut rebaptisé, boulevard du Maréchal Joffre, le 3 juillet 1949. Le château d'eau fut élevé en 1905 après la création d'un service des eaux le 30 août de la même année.



dimanche 10 février 2008

Inauguration de gare du CGB à Milly, le 22 septembre 1912


Devançant ceux qui ont l’intention, tardive, d’inaugurer la ligne de chemin de fer département Etampes – Milly – Corbeil, - ce qui doit se faire, s’il n’y a pas d’anicroches le 20 octobre prochain, - la municipalité de Milly avait décidé d’organiser une fête d’inauguration de sa gare et l’honorable M. Bédu, l’estimé maire de Milly nous avait convié pour assister à cette fête qui eut lieu dimanche dernier.

Cette fois, les organisateurs furent plus favorisés par le beau temps que ceux du concours agricole récent. Un beau soleil était de la partie et vraiment on se réjouissait de sa présence.

LA RECEPTION

A 10 heures et demie, M. Bédu, maire de Milly, assisté d’un certain nombre de conseillers municipaux et de fonctionnaires, ainsi que de M. PetitJean, inspecteur de l’exploitation du tramway, se rendaient à la gare, pavoisée à profusion de drapeaux de verdure et de guirlandes pour y recevoir M. Pierre Darras, sous-préfet de l’arrondissement d’Etampes, remplaçant M. Autrand, préfet de Seine-et-Oise, retenu au Vésinet avec le ministre de l’Instruction Publique.

La fanfare – qui accueillit l’arrivée du train avec la Marseillaise, - et la compagnie des sapeurs-pompiers avaient prêté leur concours à cette réception qui fut toute familière, sans grandes phrases. M. Bédu, on le sait, n’est pas un discoureur et sa façon de recevoir, franchement cordiale, vaut bien, il faut le dire, tous les plus beaux palabres.

Il présenta à M. le sous-Préfet les personnes présentes et ce fut sans cérémonie qu’on se forma en cortège pour se rendre à la mairie, tambours, clairons et musique en tête.

Sur le passage du cortège, des mâts portant des drapeaux avaient été dressés ; quelques maisons, trop rares malheureusement avaient été décorées, mais les pas redoublés entraînants de la fanfare nous faisaient oublier tout cela quand nous arrivions à l’Hôtel de Ville pour de là nous rendre au Café du Commerce où un apéritif bienvenu était servi par le sympathique M. Berthelot.
LE BANQUET

On se retrouvait dans la salle de M. Ricordeau, à l’Hôtel du Cygne, autour des tables dressées pour le déjeuner qui comprenait une cinquantaine de couverts.

Nous notons parmi les assistants :

MM. Pierre Darras, sous-préfet qui a à sa gauche M. Bédu, maire de Milly et à sa droite M. Legendre, conseiller général de Seine-et-Oise, puis MM. Petitjean, inspecteur de l’exploitation du C.G.B., Latour, conducteur des Ponts et Chaussées ; Chagrot, lieutenant des sapeurs pompiers ; Bertrand, directeur de la fanfare ; Boudineau, Tazé, Coisnon, Berthelot, Picard et Emile Chagot, conseillers municipaux de Milly ; les maires de Moigny, Gironville, Buno-Bonnevaux, Muret, receveur de l’enregistrement, David, de Gironville, Rat, receveur municipal ; Aubry, percepteur ; Leblanc, imprimeur ; Berthelot, cafetier ; Gallot, etc…, ainsi que les membres de la presse d’Etampes.

Le menu pour lequel nous devons des compliments au maître d’hôtel M. Ricordeau était ainsi composé :

Hors-d’œuvres variés
Relevé
Bar sauce Câpres
Entrée
Filet de bœuf sauce Madère
Légumes
Haricots vers Maître d’Hôtel
Roi
Poulet rôti au Cresson
Salade
Desserts
Fruits de saison, Biscuits, Petits-Fours
Vins
Blanc et Rouge, Bordeaux
Café, Liqueurs

Au dessert, M. Bédu, maire, prit la parole en ces termes :

Messieurs,

Avant de donner la parole à M. le sous-Préfet, je dois le remercier d’avoir bien voulu se déranger de ses occupations pour venir présider notre petite fête, en remplacement de M. le Préfet de Seine-et-Oise qui m’a adressé une dépêche me disant être retenu au Vésinet où il assiste le ministre de l’Instruction Publique.

Outre les excuses de M. Autrand, je dois vous présenter celles de MM. Aimond, sénateur de Seine-et-Oise, président du Conseil Général de Seine-et-Oise ; de Courcel, Poirson, sénateurs, Carnot, député ; Amodru, ancien député ; Bra ??, directeur de la compagnie des chemins de fer de grande banlieue ; Lassiat, lieutenant de gendarmerie ; Darbonne, adjoint au Maire de Milly, retenu par un deuil récent ; les maires de Courances, Oncy, Courdimanche, Puiselet, Champmotteux ; Marchal, agent-voyer cantonnal ; Haumont, juge de paix, etc…

En ce jour de fête, je ne voudrais pas vous ennuyer M. le sous-Préfet avec les doléances que nous pourrions lui présenter relativement au tramway, du reste nous sommes persuadés que nous avons en lui un défenseur de nos intérêts et la ville de Milly lui en est reconnaissante.

Je donne la parole à M. le sous-Préfet.

Les dernières paroles de M. Bédu sont couvertes, par les applaudissements unanimes et M. Darras se lève et parle en ces termes :

Messieurs,

Je dois tout d’abord être auprès de vous l’interprète de M. le Préfet de Seine-et-Oise qui m’a prié de vous présenter ses excuses, retenu qu’il est par des engagements antérieurs auprès de M. le ministre de l’Instruction Publique au Vésinet et qui m’a chargé de le représenter officiellement aujourd’hui ici.

Rassurez-vous, Messieurs, tout de suite, car je n’ai pas l’intention de vous faire un discours. Sur le mode le plus familier, je veux vous dire que j’ai un grand plaisir en acceptant l’invitation de mon vieil ami M. Bédu, à l’occasion de l’inauguration de votre gare du tramway et d’autant plus que ce tramway ayant fait couler tant d’encre et causer tant de gens, je ne suis pas fâché d’en causer un peu à mon tour.

Il y a quelques mois encore, Milly était séparé par 7 kilomètres de la station la plus proche et il nous fallait une heure, comme au bon vieux temps, pour vous y rendre e qui ne convenait guère aux gens pressés. Pour aller au chef-lieu d’arrondissement, c’était une autre histoire, car c’est une demi-journée qu’il fallait par la route ou par le chemin de fer si l’intrépide voyageur voulait affronter les complications des horaires et des changements de trains.

Aujourd’hui, nous avons mis exactement 12 minutes pour venir de la station de Maisse et 1 h ½ pour venir d’Etampes.

Vous avez donc à votre porte, un moyen de locomotion pratique, peu coûteux maintenant que vous êtes relié au vaste réseau des chemins de fer qui font la fortune de tous les pays où ils sont établis.

Je sais bien qu’il y a de la critique, il y a toujours des gens qui ne sont pas contents et pour qui tous les changements sont des prétextes à récriminer. Examinons donc ces critiques. Les uns trouvent que le tramway ne va pas assez vite, qu’il s’arrête trop souvent ; d’autres qu’il ne s’arrête pas assez. Les uns trouvent que les départs ne sont pas assez nombreux ; les autres que les trains encombrent trop les routes.

Laissons donc dire et les uns et les autres et que ceux qui ont collaboré à l’établissement de ce nouveau moyen de locomotion pratique et peu coûteux trouvent leur récompense dans l’effort même qui a été nécessaire.

Est-ce à dire que nous avons toute satisfaction ? Evidemment non, tout n’est pas parfait, mais les perfectionnements, les changements, viendront à leur heure, rien n’est parfait du premier coup et je suis persuadé que cela se perfectionnera.

A une époque où tout change et se transforme aussi bien dans le commerce que dans l’industrie et l’agriculture, il ne faut pas vouloir reculer, au contraire. Vous savez mieux que moi ce qu’étaient la culture et le commerce il y a 25 ans ? Ne croyez-vous pas qu’on courrait à la faillite et à la misère si les mêmes moyens étaient employées ? Evidemment si, et il n’y a pas tant de différence que cela entre la façon d’administrer une ville et celle de diriger une maison de commerce. Pour vivre une ville doit d’abord progresser. Une ville qui voudrait se laisser aller à végéter, à rester sur place, ne tarderait pas à disparaître et à être rayée de la carte du monde.

Il faut avoir foi dans le Progrès qui impose souvent, c’est vrai des changements importants mais qui sont aussi nécessaires.

Nous avons sous les yeux des exemples pratiques de villes, qui par suite d’une prudence exagérée n’ont pas voulu tout de suite être reliées directement par le chemin de fer et qui ont eu fort à souffrir de cela. Ne les imitons pas.

La date d’aujourd’hui doit être une date mémorable dans l’histoire économique de votre pays, de Milly. Le tramway sera l’élément futur de la prospérité de votre ville et de ses habitants et c’est ce que sincèrement je vous souhaite à tous.

Pour terminer, laissez-moi lever mon verre à la municipalité de Milly toujours aussi aimable, à tous les habitants de votre charmante cité et à celui qui si dignement préside aux destinées de la République, M. Armand Fallières !
Un tonnerre d’applaudissements accueillit les dernières paroles de M. Darras.

Une réunion aussi sympathique ne pouvait se terminer autrement que par des chansons. M. Aubry, percepteur, le boute-en-train de la société, commença sans se faire prier et égaya tout le monde par sa chanson du gars normand. On se plaint quelquefois de l’abord grincheux des fonctionnaires chargés de recouvrer les impôts toujours versés par les contribuables en rechignant, mais à Milly ces derniers sont favorisés et vraiment la gaieté si franche de M. Aubry, doit être un anesthésique au moment de cette douloureuse…

M. Berthelot voulut partager les bravos de l’assistance et le mérita sans conteste. La presse elle-même eut la parole et notre confrère Valette nous dit d’une façon saisissante la belle page de Botrel Le Couteau.

Nous ne pouvions que chaleureusement applaudir la diction excellente de notre ami et nous l’avons fait comme on pense avec ardeur.

Il n’est si bonne compagnie qui ne se quitte, dit-on, aussi vers trois heures on laissait la table et tout le monde se rendait sur la place où se tenait

LA FETE

De nombreuses personnes sont venues des pays voisins pour l’inauguration de la gare. A 15 heures, la fanfare sous la direction de M. Bertrand s’est fait entendre et fut très applaudie.

Le soir, les illuminations furent très réussies grâce au temps qui s’y prêta.

Les bals Duché et Lévêque ont été bondés de monde et ce n’est que vers 3 heures et 1 heure du matin que danseurs et danseuses se séparèrent.

Abeille d’Etampes du 28 juillet 1912