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.On peut voir à droite la cabane de la bascule où les paysans faisaient peser leur chargement avant et après. On déposait les betteraves sur le terre-plein devant la distillerie, puis on les transportait dans le hangar où se trouvait l’hélice sans fin qui les montait dans le lavoir. Ensuite, elles montaient à nouveau par une chaîne à godets dans un grand réservoir avec coupe-betteraves. Les betteraves étaient cuites dans des macérateurs et le jus dirigé vers des cuves de fermentation. Des pompes envoyaient ensuite le jus fermenté à la distillation. La pulpe sortait par des courroies de transmission pour être dirigée dans la fosse où les cultivateurs venaient la chercher pour alimenter le bétail.
A l’intérieur de la distillerie, il y avait une colonne qui servait à dénaturer l’alcool de betteraves.
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L’Alcool et la Betterave de distillerie(Source L'Abeille d'Etampes du 15 septembre 1900)
Nous aurions pu intituler cet article : « Une révolution en agriculture » ; et quelque charlatanesque qu’eût pu paraître ce titre, nous aurions prouvé qu’il n’était pas exagéré.
On vient, en effet, de trouver une lampe d’éclairage permettant l’emploi économique de l’alcool.
C’est donc un débouché presque illimité pour ce produit, essentiellement agricole et français, qui va pouvoir concurrencer avantageusement le pétrole, marchandise exotique, accaparée par de grosses sociétés cosmopolites.
Nous ne discuterons pas, aujourd’hui, les avantages industriels de l’alcool sur le pétrole : cela nous entraînerait trop loin.
Disons seulement que si l’alcool entre dans la pratique courante de l’éclairage et du chauffage, nous devons nous en réjouir, nous, cultivateurs français.
C’est, en effet, la culture de la betterave de distillerie qui va se multiplier partout, avec son cortège – d’instruments perfectionnés pour le parfait ameublissement du sol – d’engrais riches et abondants pour l’obtention de rendements rémunérateurs, - d’une main d’œuvre multipliée par les binages, « démariages », arrachages, décolletages des betteraves.
C’est, d’autre part, la création de nombreuses distilleries de betteraves dans toutes nos régions, industries d’autant plus faciles à créer, - qu’elles demandent peu de capitaux, - qu’elles peuvent être alimentées par une foule de cultivateurs, même par ceux ne faisant qu’un demi-hectare de betteraves – qu’elles ne travaillent que l’hiver, laissant, par conséquent, à leur personnel, la possibilité de faire l’été, les travaux de la fenaison, de la moisson, des binages de betteraves, etc. (travaux rendus très difficiles dans notre pays, par la rareté et le prix élevé d’une main d’œuvre étrangère).
C’est, enfin, l’obtention de résidus riches en matières fertilisantes et pouvant être employées comme engrais (les vinasses), ou même pouvant servir à l’alimentation du bétail (pulpes).
Et qu’on ne nous dise pas que nos terres ne sont pas propres à la culture de la betterave de distillerie : car dans ces terres – bien rares dans notre pays – on peut la remplacer par des cultures d’autres plantes productrices d’alcool : pomme de terre, topinambour, seigle, etc.
Ce serait donc un bienfait du ciel que la création de nouvelles distilleries de betteraves dans notre région. Elles réunissent, en effet, aux produits immédiats que donne généralement l’industrie, l’inappréciable avantage d’être un auxiliaire agricole.
Ces quelques considérations suffisent à justifier notre pseudo-titre : « Une révolution en agriculture », puisque l’alcool est appelé à devenir l’avoine française des automobiles, le pétrole français pour l’éclairage et le chauffage.
Mais, direz-vous, peut-être, chers lecteurs, d’où vient donc qu’on ait pas songé plus tôt à remplacer l’infect, sale et dangereux pétrole exotique par l’inodore, propre et français comburant qu’est l’alcool ?
On vient, en effet, de trouver une lampe d’éclairage permettant l’emploi économique de l’alcool.
C’est donc un débouché presque illimité pour ce produit, essentiellement agricole et français, qui va pouvoir concurrencer avantageusement le pétrole, marchandise exotique, accaparée par de grosses sociétés cosmopolites.
Nous ne discuterons pas, aujourd’hui, les avantages industriels de l’alcool sur le pétrole : cela nous entraînerait trop loin.
Disons seulement que si l’alcool entre dans la pratique courante de l’éclairage et du chauffage, nous devons nous en réjouir, nous, cultivateurs français.
C’est, en effet, la culture de la betterave de distillerie qui va se multiplier partout, avec son cortège – d’instruments perfectionnés pour le parfait ameublissement du sol – d’engrais riches et abondants pour l’obtention de rendements rémunérateurs, - d’une main d’œuvre multipliée par les binages, « démariages », arrachages, décolletages des betteraves.
C’est, d’autre part, la création de nombreuses distilleries de betteraves dans toutes nos régions, industries d’autant plus faciles à créer, - qu’elles demandent peu de capitaux, - qu’elles peuvent être alimentées par une foule de cultivateurs, même par ceux ne faisant qu’un demi-hectare de betteraves – qu’elles ne travaillent que l’hiver, laissant, par conséquent, à leur personnel, la possibilité de faire l’été, les travaux de la fenaison, de la moisson, des binages de betteraves, etc. (travaux rendus très difficiles dans notre pays, par la rareté et le prix élevé d’une main d’œuvre étrangère).
C’est, enfin, l’obtention de résidus riches en matières fertilisantes et pouvant être employées comme engrais (les vinasses), ou même pouvant servir à l’alimentation du bétail (pulpes).
Et qu’on ne nous dise pas que nos terres ne sont pas propres à la culture de la betterave de distillerie : car dans ces terres – bien rares dans notre pays – on peut la remplacer par des cultures d’autres plantes productrices d’alcool : pomme de terre, topinambour, seigle, etc.
Ce serait donc un bienfait du ciel que la création de nouvelles distilleries de betteraves dans notre région. Elles réunissent, en effet, aux produits immédiats que donne généralement l’industrie, l’inappréciable avantage d’être un auxiliaire agricole.
Ces quelques considérations suffisent à justifier notre pseudo-titre : « Une révolution en agriculture », puisque l’alcool est appelé à devenir l’avoine française des automobiles, le pétrole français pour l’éclairage et le chauffage.
Mais, direz-vous, peut-être, chers lecteurs, d’où vient donc qu’on ait pas songé plus tôt à remplacer l’infect, sale et dangereux pétrole exotique par l’inodore, propre et français comburant qu’est l’alcool ?
Cela tenait à deux causes « dont chaque est suffisante seule » eut dit Cyrano.
D’abord, au manque de débouchés.
Puis à l’impôt énorme (de 37 fr 50 par hectolitre) que payait l’alcool.
Du reste, en dernière analyse, c’est cette seconde cause qui, seule, paralysait les progrès de l’industrie de l’alcool ; la preuve, c’est que, dès la suppression (ou du moins la réduction à 2 fr. 50) de cet impôt exorbitant, on a trouvé des débouchés nouveaux.
Ces débouchés, nous en avons parlé plus haut, ce sont : l’éclairage, en concurrence avec ces mêmes pétroles accaparés et les charbons chers et relativement rares ; la force motrice, en concurrence avec ces mêmes produits étrangers et nullement agricoles.
D’abord, au manque de débouchés.
Puis à l’impôt énorme (de 37 fr 50 par hectolitre) que payait l’alcool.
Du reste, en dernière analyse, c’est cette seconde cause qui, seule, paralysait les progrès de l’industrie de l’alcool ; la preuve, c’est que, dès la suppression (ou du moins la réduction à 2 fr. 50) de cet impôt exorbitant, on a trouvé des débouchés nouveaux.
Ces débouchés, nous en avons parlé plus haut, ce sont : l’éclairage, en concurrence avec ces mêmes pétroles accaparés et les charbons chers et relativement rares ; la force motrice, en concurrence avec ces mêmes produits étrangers et nullement agricoles.
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