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lundi 19 janvier 2009

La Fête des Pompiers de Milly du 3 juillet 1932

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Il y avait dimanche à Milly, vingt-quatre enfants qui étaient bien contents. Assis de front devant la porte de l’établissement qui les a recueillis, il y en avait des blonds, des bruns, des frisés, d’autres avec des baguettes de tambour sur la tête, ceux-ci avec de petits yeux malins, ceux-là avec des mirettes de jeunes mamans, mais ils étaient tous aussi sages les uns que les autres. On leur avait annoncé que la place Grammont où ne séjournent guère que les vieux bons papas qui cherchent l’ombre, où les petits gars qui jouent à la marelle, au bistinet, allait se remplir de pompiers, les enfants aiment bien les soldats, mais ils préfèrent encore les pompiers. Un pompier n’est jamais méchant ; un soldat ça tue quelques fois. Et puis, on leur avait dit encore que s’ils se tenaient bien on les conduirait sur la fête, où il y a un grand Saint-Pierre, en bois de chêne ; une fontaine qui la nuit verse de l’eau plein de feu ; un vrai lion dans une ménagerie ; un manège d’automobiles et un tas d’autres choses qui amusent bien les enfants. Voilà pourquoi ils se tenaient bien sages en attendant les pompiers ; leur maîtresse les tenait d’ailleurs à l’œil.

Vers dix heures, les pompiers commençaient à arriver. Ils s’en allaient d’abord réciter leurs leçons à l’école communale des garçons de la rue Sadi-Carnot, puis ils venaient se rassembler sur la place avec leurs engins, dont le plus beau était l’autopompe de Corbeil, une belle mécanique qui coûte dans les 125.000 francs. A côté d’elle « Lulu » d’Etampes, faisait sa fière tant qu’elle pouvait sous les yeux du bon Capitaine Girard et de ses 24 hommes. On parlait de la possibilité de se procurer un de ces beaux engins rouges pour pas beuaocup d’argent. Le service départemental en fait payer les deux tiers de leur valeur, mais pour cela l’autopompe ou la moto-pompe sont tenues au premier appel d’aller au secours des communes qui n’ont que des moyens insuffisants de combattre le feu. Ca va bien pendant que le feu brûle, mais après quand il faut régler les frais de déplacement de l’autopompe et des pompiers, les communes se font tirer l’oreille. Il y avait justement là un conseiller municipal d’Etampes, M.Liger, qui a établi le rapport de la Commission du budget de la ville où il a écrit : « Dans le service départemental de secours contre l’incendie, un centre principal a été créé à Etampes, avec téléphone de nuit et placé sous la direction du Capitaine Girard. Notre Centre a porté secours à différentes communes et il en est résulté naturellement des frais qui sont réclamés d’après le tarif départemental aux communes sinistrées. Or bien des petites communes n’ont pas dans leurs budgets les crédits nécessaires à ces remboursements. Tout en tenant compte de ces impossibilités, il n’en est pas moins vrai que nos sapeurs ne peuvent attendre des mois pour toucher les indemnités qui leur sont dues. Le règlement départemental n’a pas prévu ce cas, qui est malheureusement trop fréquent et les communes qui comme Etampes sont « Centres principaux » se trouvent dans l’obligation de faire des avances qui peuvent atteindre un chiffre important. Cette situation est regrettable et je vous demanderais d’émettre un vœu pour qu’il soit créé une Caisse Départementale du service de Secours contre l’incendie afin de faire les avances aux centres ou secteurs portant secours aux communes de leur circonscription. Ces communes rembourseraient ensuite la Caisse départementale ».

Cette manière de voir n’a pas manqué d’intéresser les membres du jury qui étaient, le chef de bataillon Mathon, commandant des sapeurs-pompiers de Rambouillet, président de l’Union Départementale ; les capitaines Cabué, de Longjumeau ; Bemelmans, de Sucy-en-Brie ; Gruber, de Palaiser et Girard d’Etampes.

Quant aux subdivisions de sapeurs-pompiers, elles étaient au nombre de dix en plus de celle de Milly, lieutenant Limery, et de celle de Méréville, qui étaient représentée par le sous-lieutenant Bretonnet. IL y avait donc :

Etampes, capitaine Girard, lieutenant Moreau et 24 hommes

Corbeil, capitaine Duval et 15 hommes.

Essonnes, lieutenant Auprince et 22 hommes.

Mesnil-Racoin, sous-lieutenant Houdy et 14 hommes, parmi lesquels le propre grand-père du commandant.

Soisy-sur-Ecole, lieutenant Michaux et 18 hommes.

Malesherbes, lieutenant Varverende et 18 hommes.

Tousson, lieutenant Jaury et 17 hommes.

La Ferté-Alais, lieutenant Mallet et 20 hommes, dont un petit tambour, Daniel Barnot, qui compte neuf printemps.

Le Vaudoué, lieutenant Mignon et 10 hommes.

Mondeville, lieutenant Hardouin et 15 hommes.

Ainsi ça en faisait des pompiers, mais le plus beau à l’idée de 24 petits enfants heureux, c’est quand la clique s’est formée de 48 clairons et tambours, faisant partie des subdivisions accourues à l’appel du Comité d’organisation, dont le président était le maire de Milly lui-même, M.Loubière qui, il n’y a pas très longtemps aussi, était encore un enfant et qui a su en conserver le franc sourire et la gentillesse.

Dans le vestibule de la maison commune, il accueillait aimablement les notabilités venues pour honorer la fête de leur présence : M.Gaubert, sous-préfet de Corbeil, et de la moitié de l’ex-arrondissement d’Etampes ; MM.De Ganay, conseiller général ; Chagot et Pommereau, conseillers d’arrondissement ; Devise, procureur de la République à Etampes et Régnié, capitaine de gendarmerie.

Au bas du perron, une section de sapeurs-pompiers forma le carré ; la sonnerie « ouvrez le ban » se fit entendre et M. le Sous-Préfet procéda à la remise des décorations décernées au cours de l’année au titre de la prévoyance sociale et de l’agriculture, à MM.Crenier Gustave, Petit Léon, Thorin Alfred et Mme Thévenin-Mazard.

A midi, les clairons sonnaient « à tour de bras » la soupe aux abords de l’Hôtel du Lion-d’Or, où avait lieu le banquet officiel, servi dans la grande salle du rez-de-chaussée, agrémentée en son milieu d’une frise à la Balas, tout à fait de circonstance. Que l’artiste improvisé qui a la brossa en soit complimenté. Une table en U. magnifiquement servie et décorée des plus belles fleurs de l’année ? réunit près de 100 convives.

M.Gauberi présidait, assisté de M.Maurice Dormans, député ; de Ganay, conseiller général ; Loubière, maire ; Chagot et Timbert, adjoints ; Devise, procureur de la République ; Régnié, capitaine de gendarmerie ; des membres du jury ; des maires des environs ; des conseillers municpaux et des notables du pays.

Il y avait là aussi les anciens et nouveaux membres de la compagnie des sapeurs-pompiers de Milly, dont on célébrait le cinquantenaire, et parmi eux Papa Léon Voituron, qui avec son camarade Léon Pinasson, sont les deux seuls survivants de la subdivision lors de sa formation en 1882. Elle était alors commandée par le sous-lieutenant Courbet, qui fut remplacé bientôt par l’adjudant Limery. Mais ce n’est qu’en 1888 que la compagnie fut sérieusement constituée, sous le commandant du regretté lieutenant Chagot. En 1889, elle pouvait célébrer la Sainte-Barbe et nous en trouvons l’écho dans l’Abeille d’Etampes du 14 Décembre 1889 qui en donne la relation suivante :

« La Société des Sapeurs-Pompiers, réorganisée depuis moins d’une année a fêté la Sainte-Barbe samedi dernier ; elle avait convoqué tous les membres honoraires au banquet qu’elle donnait à l’Hôtel du Lion-d’Or. Un grand nombre d’entre eux, parmi lesquels M. le Maire et plusieurs personnes notables ont tenu à répondre à cette invitation. Il y avait longtemps qu’un banquet de cette importance n’avait été fait et néanmoins le service a été admirable et la cuisine bonne.

Au dessert, M. le docteur Carassus, a par une allocution chaleureuse, vivement exhorté les pompiers à rester toujours unis et à célébrer avec allégresse la fête qui les rassemblait :

Plus d’une fois, leur-a-t-il dit, vous serez dans l’exercice de vos fonctions à la peine ; soyez aujourd’hui tout à la joie ; rompez ensemble le pain et le sel de la fraternité et buvons à l’union et à la concorde entre tous les pompiers ».

Ensuite, M.Chagot, lieutenant, a remercié M. le Maire et tous ceux qui ont contribué à la réorganisation de la Société et en élevant son verre a proposé de boire à leur santé. Ce toast a été ainsi bien applaudi.
L'Abeille d'Etampe du 9 juillet 1932.

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