Voilà
une quarantaine d'années, après de longues recherches, MM. Geber et Houdy
faisaient paraître un petit ouvrage sur Milly et son histoire.
Je
relève ce passage :
« Plusieurs
dénominations successives ont été attribuées à Milly-la-Forêt depuis la Gaule
antique, savoir : Maurillac (gaulois) - Maurillacum (gallo- romain) - Milliacum
- Milli - Milly-en-Gastinois - Milly-en-Gâtinais - Milly - et enfin
Milly-la-Forêt, nom actuel (décret du 6 février 1948)
D’après
certaines études entreprises, le nom de « Milliacum » (antroponyme romain),
dériverait d’un personnage comme : « Amilius, Amelius ou Amillus » (époque
chrétienne : Revue Intern. d’Onomastique, 1956). Certains historiens admettent
que l’origine romaine du nom de « Milly » pourrait bien dériver de « Millia »,
mesure itinéraire romaine (1.000 pas ou 756 toises gauloises). Toujours est-il
que, lors de l’occupation de la région par des légions romaines à partir de 52
av. J.-C., un camp romain fut installé sur la crête ouest du massif coronaire «
le Camp des Romains » ou de César, sur une longueur d’environ 400 m, pour
permettre aux Romains de surveiller la cuvette de Milly et la vallée de
l’Essonnes. Des pièces de monnaie romaines trouvées à Milly en font foi. »
Je
permets d'apporter quelques compléments :
Si des
pièces romaines ont été trouvées à Milly – les romains se sont installé dans la
région et les tessons de poterie de cette époque s'y ramassent à la pelle –
rien n'a été trouvé lors de fouilles sur le site dit « le camp des
romains ». C'est ce que m'a affirmé un archiviste de Chamarande qui a
participé à des recherches en ce lieu . D'ordinaire, on y trouve nécessairement
quantité de détritus. Malgré son aspect, ce ne serait qu'une ancienne carrière.
Les
auteurs citerons « brièvement » les principales dates qui ont
illustré le passé de Milly-la-Forêt depuis le VII° siècle, sans insister sur
l'l'homonymie du nom de « Milly »
C'est justement sur
ce dernier point que va porter le travail qui suit.
En 1923,
M. Auguste Langon publiait une recherche, qui fait toujours autorité, sur l'origine du nom des villes en France. Il
relevait des origines grecques, phéniciennes, ligures, ibères, anté-romaines,
gallo-romaines, romaines, romanes, bretonnes scandinaves, basques, francisques,
germaniques, saxonnes, burgondes, gothiques, franques …
Il
classait ces noms par leur significations : nom de personnes, rivières,
activités humaines, etc.
Milly-
la-forêt y à donc plusieurs homonymes : Milly-sur-Thérain ;
Milly-sur-Bradon ; Milly-Lamartine ; Milly, Chablis ; Milly,
Saint-Étienne-des-Oullières.
L'observation
satellite (ce qui ne peut se faire que
depuis peu) permet de remarquer que, dans presque tous les cas, il y a soit des
marais, soit des traces d'anciens marais : étangs, fossés de drainages.
Ces
observations se retrouvent dans les villages suivants qui ont la même
terminaison: Abilly, Amilly, Avrilly, Aubilly, Bailly, Chipilly, Chouilly,
Cilly, Mailly, Marcilly, Mouilly, Oeilly, Sailly sur le lys, Silly la poterie.
Mais
également à Moÿ de l'Aisne, Marigny, Machy, Migny,
Malay, Marsilly, Attigny, Rilly ; Assigny, Cezy, Digny, Lachy,
Machy, Marray, Montady...
Presque
toutes ces villes sont au nord de la Seine, et quelque fois presque au sud de
la Belgique. Le long de la Somme, de nombreuses villes qui la bordent avec
d'ancien marais transformés en potagers (hortillonnages) ont des noms qui se
terminent par Y. Tout comme MoignY, Noisy et OncY ...
Dans
certaines régions, les marécages se nomment mouillères, et une maillère,
en ancien français, est le lieu où l'on extrait la vase pour engraisser les
terres.
Il faut savoir que,
contrairement à une idée répandue, les terres cultivables ont été gagnées biens
plus par l'assèchement des marais que par le déboisement. De très nombreux
endroits ont donc soit des étangs, soit des traces de marais. Tous
ces lieux ne portent pas des noms se terminant par ILLY ou simplement Y (s'entendant comme i), mais
l'inverse est presque toujours vrai.
Il
n'y a plus qu'à attendre qu'un lexicologue se penche sur la question pour
donner une explication … ou infirmer ce qui est suggéré plus haut.
Maurice Gelbard
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