A peine interrompue, la
série rouge qui désole depuis quelques mois l’arrondissement d’Etampes reprend
de plus belle : après le drame de Chauffour dans le canton d’Etampes,
après le parricide de Bourray dans le canton de la Ferté-Alais, après
l’assassinat d’Angerville, dans le canton de Méréville, le canton de Milly déjà
fortement éprouvé par les opérations de cambrioleurs vient d’avoir son crime
sur lequel plane encore un véritable mystère. La nouvelle se répandait en effet
rapidement mardi soir à Milly qu’on venait de découvrir, assassinés dans une
maison du boulevard de l’Est, M. Bierne, rentier, et sa nièce, Mme Coulon, qui
lui servait de bonne.
Les victimes
Né à Soisy-sur-Ecole (Seine
et Marne), le 18 Juillet 1830, M. Bierne (Louis-Claude), issu, dit le Journal,
d’une honnête et laborieuse famille d’artisans, avait appris de bonne heure la
profession de serrurier-mécanicien.
Doué d’une intelligence
remarquable, il vient à Paris dès l’âge de quatorze ans et se perfectionna à tel
point dans les diverses situations qu’il occupa, ici et là, qu’il sortit de son
humble condition et devient commerçant à son tour. Il ouvrit près de la place
de la République, rue Pierre-Levée, un magasin de spécialités de matrices et de
moules pour la fabrication de l’orfèvrerie de ruoltz et d’argent, même il prit
un brevet pour une de ses principales créations, qui lui permet ainsi de
réaliser une fortune de plusieurs centaines de mille francs.
M. Claude Bierne se retira,
en 1884, l’âge étant venu, dans son beau pays de Milly, où il vivait de ses
rentes, avec sa femme et sa fille, et entouré des autres membres de sa famille,
de condition plus modeste.
Avant de se retirer à
Milly, M. Bierne avait perdu, en 1882, sa fille unique qui succomba à Paris, à
l’âge de dix-huit ans, emportée brusquement quelques jours avant son mariage
avec un de ses cousins.
Quelques années après, Mme
Bierne décédait à Milly ; elle était réunie à sa fille dans un magnifique
monument que l’on peut admirer dans le cimentière de Milly, et que
M. Bierne était, paraît-il, dans l’intention de faire embellir encore cette
année si une mort aussi soudaine ne l’avait empêché de mettre à exécution un
projet dont le devis s’élevait à pris de 20.000 francs.
Après la mort de sa femme,
M. Bierne avait fait venir près de lui une de ses nièces, Louise Quatrehomme,
née à Noisy-sur-Ecole, le 26 Décembre 1862, fille naturelle, veuve elle aussi
après trois ans de mariage avec un boucher avec lequel elle avait exploité
d’ailleurs dans d’assez mauvaises conditions un fonds de boucherie rue Turbigo
à Paris.
Louise Quatrehomme, après
quelques mois de veuvage, convolait en secondes noces avec M. Coulon, ancien
tenancier du Casino de Milly. On sait que M. Coulon était lui-même veuf de Mme
Siroteau, née Ripeau, qu’il avait épousée alors qu’il était lui-même chef
étalier du fond de boucherie qu’elle exploitait à Paris.
Les affaires n’étant pas
prospères, les époux Coulon-Ripeau vendirent leur fonds de boucherie et vinrent
installer dans les bois de Milly, au lieudit Paray, un casino qui eut, dans la
région, un instant de célébrité. A la suite du décès de Mme Coulon qui survint
le 22 Septembre 1902, l’établissement fut mis en vente le 30 Novembre suivant,
et comme aucun acquéreur ne se présenta, le matériel, à la requête des enfants
Siroteau, dont l’un est actuellement tenancier de l’hôtel du Lion d’Or, à
Milly, fut vendu le 9 Février de l’année suivante.
C’est ainsi que M. et
Mme Coulon, continue le journal, virent demeurer chez leur oncle, M. Bierne. Le
malheureux septuagénaire avait été frappé, en effet, de paralysie de tout le
côté droit ; il se traînait plus qu’il ne marchait, péniblement appuyé sur
une canne ; de plus, il souffrait d’une grave maladie d’estomac, exigeant
une alimentation spécialement préparée par une main experte, des poissons,
viande blanche, laitage, etc…
Mme Louise Coulon, née
Quatrehomme, était bien la femme toute désignée pour tenir cet emploi tout de
confiance et de dévouement auprès de son vieux parent, qui, faut bien le dire, la
traitait plutôt bien ; le septuagénaire avait même consenti tout d’abord à
ce que M. Coulon vint habiter dans la maison de campagne avec sa femme.
Pourtant, il y a trois
mois, nous dit-on, une brouille survint parmi les hôtes de la villa du
boulevard de l’Est. L’ancien négociant ne voyait pas d’un bon œil la présence
de Coulon.
Pour tout arrangement, M. et Mme Coulon
quittèrent M. Bierne, qui dut prendre à son service une femme de chambre
attitrée, Mme Marguerite Nardon ; et ils allèrent s’installer à Biennes,
près de Montereau, où Coulon avait loué une petite maison de campagne, ainsi
que quelques terrains qu’il cultivait. Mais Marguerite Nardon n’était point,
paraît-il, en tant que cuisinière et femme de ménage, si habile et si dévouée
que la petite-nièce du septuagénaire : elle fut congédiée au bout de
vingt-trois jours de service et M. Bierne écrivit plusieurs lettres à Mme
Coulon, la suppliant de revenir au plus vite auprès de lui.
Depuis le 15 Février, Louise Quatrehomme
était réinstallée seule dans la maison de campagne de Milly ; son mari était
toujours à Biennes, mais elle avait laissé entendre à quelques personnes que le
vieillard finirait par comprendre l’illogisme d’une telle situation et ne
ferait bientôt plus aucune opposition pour le laisser venir habiter avec elle à
la villa de Milly.
La maison de M. Bierne
M. Bierne habitait donc au numéro 17 du
boulevard de l’Est, qui rejoint la place de Lyon au boulevard du Nord, une
maison spacieuse située entre les propriétés de Mme Pierre et celle de M.
Boudineau ; l’endroit, surtout la nuit, est assez désert.
La maison est composée d’un rez-de-chaussée
et d’un étage, surmonté d’une chambre mansardée ; l’entrée a lieu sur le
boulevard par une porte cochère ou une petite porte de service ; derrière
la maison est un grand jardin donnant sur les champs, clos par un mur de plus
de trois mètres, dans lequel se trouve une véranda et un belvédère du haut
duquel on aperçoit toute la campagne environnante. Pendant l’hiver, M. Bierne
et sa nièce habitaient le rez-de-chaussée ; toutefois quand M. Coulon venait
à Milly, il couchait dans une des chambres du haut.
La découverte du crime
M. Bierne faisait de fréquents voyages à
Paris et chaque fois sa nièce l’accompagnait ; il venait toucher ses
rentes et le montant de ses loyers, car il était en outre propriétaire
d’immeubles rue Pierre Levée et du côté de Saint-Mandé.
Dans l’après-midi de
dimanche dernier, le septuagénaire et sa petite-nièce allèrent, comme
d’ailleurs, ils le faisaient chaque semaine, déposer un modeste bouquet de
violettes sur la tombe de Mme et de Mlle Bierne.
Dimanche, ils firent une
courte promenade sur la route de Fontainebleau et rentrèrent vers six heures du
soir ; à sept heures, Mme Coulon allait chez un fermier voisin, M.
Boudineau, acheter un pot de lait pour le dîner, puis les volets et les portes
de la maison de campagne se refermaient mystérieusement et tout rentrait dans
le calme.
Le lendemain lundi vers
midi, M. Jules Tranchant, cafetier, place du Marché à Milly, se rendait comme
d’habitude chez M. Bierne, son oncle, pour lui remettre son journal et
s’apercevait que tout était fermé dans la maison ; il pensa que M. Bierne
était allé à Paris et ne s’inquiété pas outre mesure de son absence.
Une heure après, un autre
parent de M. Bierne, M. Cornillon, venait constater également que la maison
était fermée ; des doutes l’envahirent de suite, car chaque fois que M.
Bierne s’absentait, il lui remettait une clef pour qu’il puisse aller donner à
manger au chien et aux volailles enfermées dans le poulailler.
Les portes ni les fenêtres ne
s’ouvrant le lendemain, la plus vive inquiétude se manifesta chez les parents
et les voisins de M. Bierne ; on consulta M. Perot qui fait le service de
la voiture entre Maisse et Milly, il déclara qu’il n’avait ni vu, ni conduit à
la gare, M. Bierne ou Mme Coulon. Cependant, la maison n’était pas
silencieuse ; le chien qui y était enfermé la laissait retentir sans
discontinuer de lugubres aboiements ; il hurlait à la mort, selon
l’expression consacrée.
Le septuagénaire
affectionnait particulièrement deux magnifiques chiens de chasse, des épagneuls
blancs tachés de roux, Figaro et Diane, qui constituaient également dans cette
maison vaste et quasi-déserte deux excellents chiens de garde, donnant de la
voix, fidèles et prévenants au moindre coup de sonnette…
Quand la nuit s’approcha,
et qu’on eut la certitude que M. Bierne et sa nièce n’étaient pas allés à
Paris, M. Cornillon et M. Tranchant se rendirent chez M. Couasnon, juge de paix
de Milly auquel ils firent part de leur inquiétude. Sans tarder, le magistrat,
assisté de M. Tazé, conseiller municipal remplissant les fonctions d’adjoint en
l’absence de M. le Maire et de M. Darbonne, de M. Desgranges, voisin de M.
Bierne et de M. Hamelin, serrurier, se rendait boulevard de l’Est ; il
était environ sept heures.
Comme on ne pouvait ouvrir
les portes extérieures de la maison, des échelles furent placées contre le mur
du jardin donnant sur les champs et le premier, M. Couasnon, escalada le
mur ; dès qu’il fut descendu dans le jardin, le chien s’approcha de lui,
hurlant de façon lugubre ; on lui jeta alors une croute de pain, mais
l’animal, après l’avoir flairée, n’y toucha pas ; il allait et venait du
pied de l’échelle à la porte de la maison donnant sur le jardin, l’intelligente
bête semblait inviter le magistrat à se diriger vers la porte sous laquelle les
dernières lueurs du jour permettaient d’apercevoir une tache noirâtre suspecte.
Cette porte étant également fermée, M. le
juge de paix entra dans une serre attenante à la salle à manger et put sans
difficulté ouvrir la porte donnant dans cette pièce, porte qui n’était fermée
qu’au pêne ; rien d’anormal ne paraissait en cet endroit ; dans la
pièce suivante, qui était la chambre de la bonne, tout était en ordre, le lit
était ouvert comme si Mme Coulon l’eût préparé pour aller se coucher. Mais en
arrivant dans la pièce suivante, qui était la chambre de M. Bierne, M. Couasnon
se trouva en présence d’un horrible spectacle ; le vielillard couché sur
son lit, légèrement incliné du côté gauche, le corps à demi-recouvert par la
couverture, portait une affreuse blessure à la tempe gauche ; et en
s’approchant le magistrat peut voir que le malheureux avait été frappé en plein
cœur de deux violents coups d’une arme tranchante, dont l’un avait fait une
plaie béante de près de 8 centimètres d’ouverture.
Sur l’édredon et un peu partout se voyaient
des taches de sang ; le drap qui enroulait le traversin présentait des
souillures nombreuses paraissait venir des cinq doigts d’une main ensanglantée
qu’on y aurait essuyée à plusieurs
reprises.
Là encore, aucun désordre,
à part la table de nuit qui paraît avoir été écartée un peu du lit et la
veilleuse qui s’est légèrement inclinée et a laissé déverser une partie de son
contenu sur le parquet ciré. Le coffret-fort ne présente aucune trace
d’effraction, non plus qu’une secrétaire et une commode dont le tiroir
supérieur est imparfaitement fermé et qui contient une montre et une chaîne en
or ; sur ce meuble, la casquette de M. Bierne, sous laquelle se trouvent
son portemonnaie et ses clefs ; sur la table de nuit, des pastilles de
Vichy dont le vieillaird usait constamment.
Une scène terrible s’était passée dans cette
pièce. Continuant ses investigations, M. le Juge de Paix entra dans la salle à
manger où tout était parfaitement en ordre, puis dans la cuisine où un nouveau
cri de terreur lui échappa, Mme Coulon était étendue sur le dos, la jambe
droite croisée sur la jambe gauche, la main droite sur le corps, la main gauche
tenant encore le tablier ; sa tête, sur la partie supérieure de laquelle
s’ouvrait une large blessure, était inclinée et baignait dans une véritable
mare de sang.
L’enquête judiciaire
Sans se laisser impressionner par l’horreur
du double crime qui avait été commis dans cette maison, M. le Juge de Paix
commençait son enquête et faisait prévenir le maréchal des logis Brottet qui
arrivait avec tous les hommes de sa brigade ; peut après arrivait
également M. le docteur Hovnanian, qui après un examen minutieux des cadavres,
déclarait que la mort pouvait remonter à environ 48 heures ; une dépêche
était aussitôt envoyée au Parquet d’Etampes.
Le télégramme envoyé au Parquet étant parvenu
à Etampes vers minuit seulement, ce n’est qu’à une heure du matin que les
divers membres purent être réunis et il fut décidé en raison de l’heure tardive
que le départ pour Milly n’aurait lieu qu’au matin à la première heure.
A neuf heures, la voiture de M. Baron amenait
à Milly avec M. Teyssier, Procureur de la République, M. Germain, juge
d’instruction, M. Meunier, commis-greffier et
M. Rousselot, lieutenant de gendarmerie que venait rejoindre en automobile M.
le docteur Faraboeuf ; devant la maison du boulevard de l’Est, malgré le
mauvais temps, une foule énorme se pressait.
Guidés par M. le Juge de Paix de Milly, MM.
Les Magistrats commencèrent aussitôt leur enquête ; après que les
constatations légales eurent été faites
et que M. Delpy, agent-voyer à Milly, eut pris des vues photographiques des
cadavres et des diverses parties de la maison, le corps de Mme Coulon fut
transportée dans la serre attenante à la salle à manger où M. le docteur
Faraboeuf procéda à l’autopsie. Il
constata que la malheureuse femme avait été frappée dans le dos de deux coups
avec une lame triangulaire paraissant être celle d’un couteau de boucher ;
les coups avaient été portés avec une telle violence, que le couteau, suivant
l’impulsion de la main, avait fait dans les chairs une ouverture
semi-circulaire comme si la lame avait été retournée dans la plaie !
L’arme avait transpercé le cœur et les poumons et la mort avait été
instantanée.
Les coups sous lesquels M. Bierne a succombé
avaient été portés avec non moins de violence, la lame entrant par la poitrine
avait presque atteint le dos faisant une blessure telle que le sang au lieu de
jaillir s’était épanché dans la cavité thoracique littéralement défoncée.
Le Crime
Ces constatations et les recherches faites
dans le cours de la journée par les auxiliaires du Parquet permettent de
reconstituer ainsi la scène du crime. L’assassin, cela est incontestable, n’est
pas entré par escalade dans la maison de M. Bierne ; nulle part il n’a pu
être relevé de trace d’effraction ; on se trouve ainisi en prsence de
trois hypothèses ; ou bien il a pénétré dans la maison vers six heures
pendant le court instant où Mme Coulon laissant la porte de service
entr’ouverte était allée chercher du lait chez M. Boudineau, ou bien il est
entré dans la soirée par la porte qui lui a été ouverte par Mme Coulon, ou bien
enfin il avait en sa possession une clef de cette porte de service.
Vers sept heures et demie, le repas du soir
étant achevé, M. Bierne selon son habitude allait se coucher pendant que Mme
Coulon mettait en ordre la salle à manger et la cuisine. Elle achevait son
travail quand l’assassin survenant derrière elle à l’improviste la frappait de
deux coups de couteau ; la malheureuse tournait sur elle-même et tombait
dans la position où elle a été retrouvée.
Puis, l’assassin entrait dans la pièce où se
trouvait le vieillard probablement
endormi et le frappait à mort ; c’est à ce moment là qu’il essuya au drap
du lit sa main droite ruisselante de sang, puis il retourna dans la cuisine et
fit sur l’évier une toilette minutieuse de ses mains. On a pu constater, en
effet, qu’il a vidé presque en entier le contenu d’un grand broc et qu’il s’est
servi de deux serviettes de table qu’il a lavées, mais dont l’une porte
néanmoins une tache sanglante ; on a pu également relever sur le
porte-savon une minuscule tache de sang et une autre tache semblable sur un des
carreaux en faïence de l’évier.
S’étant ainsi débarrassé de toute trace
suspecte, l’assassin – après avoir remis en place le savon, les serviettes et
le broc dont il s’était servi – est revenu ferme la porte de la chambre de M.
Bierne, celle de la salle à manger et celle de la cuisine, puis il s’est retiré
en ouvrant la porte donnant sur le boulevard dont il a emporté les clefs ;
malgré les recherches faites dans la maison, il a été en effet impossible de
retrouver ces clefs et les magistrats, au début de leur enquête, en attendant
qu’on eût ouvert la porte cochère à deux vantaux, ont dû pénétrer dans la
maison par une fenêtre du rez-de-chaussée.
Les soupçons
Les circonstances vraiment étranges dans
lesquelles ce crime a été commis, n’ont pas tardé à faire naître des soupçons
sur le propre mari de Mme Coulon, qu’on savait n’être pas en très bonne
intelligence avec l’oncle de sa femme ; né le
17 Mai 1860, à Vallery, arrondissement de Sens (Yonne), Léon-Désiré Coulon
exerçait la profession de boucher. Depuis son départ de chez M. Bierne, vers le
25 Janvier dernier, Coulon, qui pendant l’été gérait la succursale que M.
Chanet, boucher à Milly, tient à Barbizon, avait habité à Lorrez-le-Bocage,
arrondissement de Fontainebleau, puis au Hameau des Sours, commune de Blennes,
arrondissement de Montereau, dans une maison qui lui était louée par un de ses
beaux-frères.
Mme Coulon l’y avait accompagné, mais elle n’y était restée que trois semaines
environ.
Pendant son séjour à Milly, Coulon avait eu
de fréquentes scènes avec M. Bierne ; celui-ci, paraît-il, était assez
économe, et qui avait pris le mari de sa nièce pour entretenir son jardin, lui
reprochait son manque d’ardeur au travail ; on dit même qu’une véritable
question de jalousie existait entre les deux hommes ; Mme Coulon, qui
vivait depuis plus de douze ans avec M. Bierne, passant à tort ou à raison pour
sa maîtresse. On dit aussi que Coulon avait épousé Louise Quatrehomme dans
l’espoir de se faire donner une partie de la fortune de son oncle ; il
aurait dit à sa femme en partant : « Il ne peut se passer de toi, il
faut bien qu’il y arrive ».
La rumeur publique désignant avec persistance
l’auteur du double crime, M. le Juge de paix, par l’intermédiaire d’un parent,
fit prévenir M. Coulon que sa femme était morte ; cet homme arriva à Milly
vers quatre heures et se rendit à la maison de M. Bierne devant laquelle la
foule s’était assemblée.
A ce moment, le docteur Farabeuf, procédait à l’autopsie de Mme Coulon dans la serre et en entrant on ne pouvait manquer d’apercevoir le docteur revêtu d’une blouse blanche occupé à ses opérations. M. Coulon ne vit pas le corps de sa femme, il ne vit pas non plus dans le corridor le sang qui y avait coulé ; c’est de l’air le plus naturel qu’il se présenta aux magistrats et leur demanda à voir sa femme.
On le conduisit dans la chambre de M.
Bierne ; à ce moment, l’autopsie n’ayant pas encore été faite, on pouvait
croire que la blessure que le vieillard avait à la tempe provenait d’un
instrument contondant, et comme on demandait à M. Coulon quelle pouvait être
l’origine de cette blessure, il répondit : « Ca, c’est un coup de
revolver ! ».
Or effectivement, M. le docteur Farabeuf,
après avoir attribué à un coup de matraque la blessure que M. Bierne portait à
la tête, constata qu’autour de cette blessure les cheveux et la barbe du
vieillard avaient été brûlées. Il découvrit bientôt les plaies produites par
deux balles de revolver qui furent retrouvées aplaties dans la boîte crânienne.
Un autre fait, dit le Matin, frappa l’esprit
des magistrats ; M.Coulon, était arrivé en galoches à Milly. Le juge de
paix suspecta cette façon de se chausser et en demanda l’explication à M.
Coulon. Celui-ci répondit qu’il avait mal aux pieds. Un médecin l’examina, et,
ne trouvant aucune blessure, estima que le neveu de
M. Bierne ne pouvait pas souffrir ainsi qu’il le disait.
M. Bierne ne pouvait pas souffrir ainsi qu’il le disait.
Cependant, un de nos
correspondants a entendu dire à Mme Tranchant, qui demeure dans la maison n°15,
voisine de celle du crime, qu’il y a cinq ou six jours, M. Coulon a écrit à sa
femme qu’il s’était fait une entorse et qu’il reviendrait à Milly dès sa
guérison.
Peut être aussi M. Coulon – dans le cas où il
serait l’auteur du crime – a-t-il voulu, en se chaussant de galoches, éviter
qu’on pût identifier ses chaussures avec celles qui ont laissé des traces dans
les diverses parties de la maison. Ainsi que nous le disons plus haut, en effet
l’huile de la veilleuse s’étant répandue sur le parquet de la chambre de M.
Bierne, on pouvait apercevoir dans la chambre, la salle à manger et la cuisine,
les traces huileuses laissées sur le sol par les pieds de l’assassin pendant
ses allées et venues d’une pièce à l’autre.
Après sa confrontation avec M. Bierne, M.
Coulon demanda à voir sa femme ; dès qu’il l’aperçut il s’écriat :
« Ma pauvre Louise ! » et se mit à l’embrasser. Il fit ensuite
des déclarations très nettes et très catégoriques sur l’emploi de son temps
depuis samedi dernier, il déclara qu’il avait ces jours-là déjeuné ou dîné chez
des parents dont il a donné l’adresse.
A ce sujet, un bruit courait en ville ;
on disait que le conducteur de la voiture de Maisse avait aperçu samedi M.
Coulon ; on fit des recherches dans ce sens, mais finalement il était
reconnu que ce bruit n’avait aucun fondement sérieux.
Une arrestation
Néanmoins, les indices recueillis sur la
culpabilité possible de cet homme lui paraissant suffisants, vers 7 heures, M.
le Procureur de la République ordonnait son arrestation et le faisait
incarcérer dans la chambre de sûreté de Milly ; il avait sur lui une somme
d’une centaine de francs qui lui a été retirée. Puis l’enquête fut continuée
pour vérifier si le crime avait eu le vol pour mobile. On tenta d’ouvrir le
coffre-fort de M. Bierne, dont la clef avait été retrouvée à sa place
habituelle, mais on n’y put parvenir ; les divers serruriers de Milly,
requis à cet effet, s’étant les uns les autres déclarés inaptes à ouvrir cette
serrure que l’on savait très compliquer, les recherches dans ce sens durent
être abandonnées ; on a pu se rendre compte toutefois par le carnet de
dépenses que tenait Mme Coulon, qu’une somme de 40 francs seulement sur les 100
francs que chaque mois lui remettait M. Bierne pour ses dépenses, avait été
dépensée ; le reste a pu être emporté par l’assassin.
Les magistrats ont également interrogé les
voisins qui ne se souviennent pas d’avoir entendu de détonations ou d’autre
bruit anormal dans la soirée de dimanche.
Après cette enquête, le permis d’inhumer
ayant été délivré, les deux cadavres étaient mis en bière ; M. le Juge de
Paix procéda à l’apposition des scellés et le Parquet reprit la route d’Etampes
où il arrivait passé minuit.
Jeudi matin, M. Coulon a été conduit à
Etampes et écroué à la prison sur la réquisition de M. le Procureur de la
République.
Dès son arrivée à la prison d’Etampes, M.
Coulon a été mis au secret en attendant, pour commencer l’instruction, qu’il
ait fait choix d’un défenseur.
Ce matin, vendredi, le Parquet s’est de
nouveau transporté à Milly ; il a été suivi par une nuée de reporters
parisiens avec automobiles, appareils photographiques, etc… qui vont tenter de
faire des enquêtes particulières, parallèlement à celle des magistrats, pour
arriver à découvrir le mystère, qui, malgré l’arrestation de
M. Coulon, continue à planer sur ce drame.
Déjà ce matin, on a pu voir dans les journaux
de Paris la reproduction d’une partie des vues qui ont été prises à Milly au
moment de la descente du Parquet, - vues à la communication, desquelles il nous
a été opposé, à nous, les nécessités du secret professionnel le plus absolu.
Vraiment, nos confrères parisiens ont en matière de reportage des moyens
d’action qui ne sont pas à la portée de la presse de province…
Néanmoins, ainsi que nos lecteurs peuvent
s’en rendre compte, le récit de notre correspondant de Milly comporte un grand
nombre de renseignements inédits et d’une parfait exactitude qui pourront
également contribuer à la découverte de la vérité.
Le parquet d’Etampes est arrivé à Milly à
midi et demi et a commencé de suite ses opérations dans la maison du
crime ; les magistrats étaient assistés de M. Poirier,
serrurier-mécanicien à Etampes, requis pour procéder à l’ouverture du
coffre-fort.
On disait qu’il allait rouvrir les deux
cercueils, mais ce bruit n’a pas été confirmé et, sauf contrordre, les obsèques
des victimes auront lieu demain matin samedi à
10 heures et demie ; elles seront purement civiles, suivant le désir qu’en
avaient exprimé de leur vivant M. Bierne et Mme Coulon.
Pendant son séjour à Milly, alors qu’il était
tenancier du Casino, M. Coulon jouissait dans la ville d’une certaine
considération ; il fut même question, nous dit-on, de le proposer comme
candidat aux élections municpales de 1900.
La mère de M. Coulon, qui habite Tousson
(Seine-et-Marne), et les autres membres de la famille sont arrivés à Milly
mercredi dans la matinée.
Faut-il rapprocher du crime commis dimanche
le vol d’une bicyclette qui a été opéré à peu près à la même heure devant une
maison du boulevard de l’Est habitée par
M. Charles Nollet, tailleur de pierres ; vers 7 heures, M. Garnier, charretier à Chailly-en-Bière, avait déposé en cet endroit sa bicyclette pour entrer chez M. Nollet ; quand il sortit une heure après, la machine avait disparu.
M. Charles Nollet, tailleur de pierres ; vers 7 heures, M. Garnier, charretier à Chailly-en-Bière, avait déposé en cet endroit sa bicyclette pour entrer chez M. Nollet ; quand il sortit une heure après, la machine avait disparu.
La bicyclette de M. Garnier aurait-elle servi
à l’assassin pour fuir rapidement le lieu du crime et se créer un alibi ?
Pour être sincère, le
chroniqueur doit avouer bien humblement que – tout en étant prévenu par les
nombreux battages qui se font depuis quelque temps dans l’arrondissement
d’Etampes – il a « marché » et s’est laissé aller à prendre au
sérieux les révélations sensationnelles qui ont été publiées par les journaux
de Paris dès le début de l’enquête.
Aussi on a pu voir exprimé
dans notre dernier numéro le regret que nous éprouvions de constater avec
quelle facilité nos confrères parisiens avaient pu prendre connaissance de
documents à la communication desquels le secret professionnel le plus absolu
nous avait été opposé.
En réalité, il n’a rien été
communiqué à personne ; ceux des habitants de Milly qui ont assisté
dimanche à la troisième descente de justice qui a été faite par le Parquet
d’Etampes, ont pu voir de nombreux reporters harceler en vain les magistrats,
sans que ceux-ci aient voulu leur donner quelque renseignement, ce qui n’a pas
empêché, le lendemain, les journaux de Paris de publier de sensationnelles
interviews ; ces interviews n’étaient pas toute concordantes, mais…
Ne voulant pas rester en
arrière du mouvement, nous avons tenté, nous aussi, d’obtenir des
renseignements du Parquet ; tout ce que nous avons pu apprendre, c’est que
l’enquête s’est poursuivie dès le début dans des conditions parfaitement
normales.
Ainsi que nous le disions
samedi dernier, M. Coulon avait donné l’emploi précis de son temps pendant les
journées de samedi à mardi ; avec les moyens réguliers d’information qui
sont à sa disposition, le Parquet d’Etampes a fait vérifier ces alibis et dès
qu’il a eu connaissance qu’ils étaient exacts, c’est-à-dire samedi matin à 7
heures et demie, il a fait mettre en liberté M. Coulon, qui sortait de prison
vers
9 heures et se mettait sans tarder à la recherche d’une voiture pour Milly.
Ceci dit nous laissons
maintenant la parole à notre correspondant de Milly ; il nous apprend que
l’innocence de M. Coulon ne faisait aucun doute à Milly depuis vendredi
dernier ; à 6 heures et demie, en effet, arrivait à toute vitesse à
l’Hôtel du Lion d’Or, tenu par M. Siroteau, une automobile d’où descendait un
reporter du journal Le Matin ; dès son entrée, il fait connaître la
nouvelle sensationnelle que M. Coulon n’est pas coupable ; «J’arrive de
Blennes et de Lorrez-le-Bocage, dit-il, j’ai fait une enquête au cours
de laquelle j’ai entendu plus de vingt personnes. J’ai les preuves que Léon
Coulon n’est pas coupable ; l’enquête de la brigade de gendarmerie de
Lorrez-le-Bocage, qu’a reçu ou que va recevoir le Parquet d’Etampes, le prouve
aussi ». Ce reporter quitte immédiatement l’hôtel et se rend au n°17
du boulevard de l’Est où il demande à être entendu par M. le Procureur de la République et M. le
juge d’instruction.
L’ouverture du
coffre-fort
Ainsi que nous l’avons dit
dans notre dernier numéro, le Parquet s’est transporté vendredi à Milly
accompagné de M. Poirier, serrurier-mécanicien à Etampes, pour procéder à
l’ouverture du coffre-fort de M. Bierne ; les magistrats, après avoir
déjeune à Maisse, sans doute pour ne pas éveiller l’attention de reporters,
arrivaient à Milly à midi et demie et s’arrêtaient à la gendarmerie.
Accompagnés de M. Couasnon,
juge de paix de Milly, de M. Hahn, greffier, du maréchal des logis de
gendarmerie et des gendarmes disponibles, ils se rendaient à maison du
crime ; M. Poirier tenta sans tarder d’ouvrir le coffre-fort en faisant
jouer les combinaisons, mais comme ces combinaisons étaient au nombre de quatre
et que par conséquent on pouvait combiner les chiffres de 9999 façons, il
renonça bientôt à ce moyen qui aurait pu demander plusieurs journées sans
donner de résultat. Il se résolut alors
à percer les boutons de commande des combinaisons de façon à faire tomber les
clavettes les unes après les autres et à ouvrir finalement la porte, mais il
avait compté sans la perfection du coffre-fort, système Godefrin qui est
parfaitement incrochetable et qui persista à ne pas vouloir livrer les trésors
qu’il contenait : les clavettes tombèrent en effet dans une coulisse qui
les retint et la porte resta close.
Après deux heures d’effort,
le mécanicien renonçait – ainsi d’ailleurs que tous les serruriers de Milly
l’avaient prédit – à toute tentative pour faire jouer le mécanisme ; il ne
resta plus que le moyen de l’éventrer. Un gendarme se rendit chez M. Rousseau,
serrurier à Milly, et en rapporta des outils avec lesquels M. Poirier enfonça
le côté du coffre au grand effroi des gens qui, se trouvant au dehors,
entendaient retentir dans la maison du crime de violents coups de marteau.
Enfin, les tôles bien qu’ayant 10 millimètres d’épaisseur finirent par céder
et l’on peut se rendre compte que la combinaison par laquelle M. Bierne avait
fermé le coffre-fort, était le chiffre 3.546.
Pendant ce temps, M.
Germain, Juge d’instruction et M. Teyssier, procureur de la République ,
interrogeaient divers témoins ; ce n’étaient qu’allées et venues de
gendarmes allant chercher ou reconduisant les personnes à même de donner
quelque indication sur le drame du 18 Mars.
La porte de la maison où se
faisait l’enquête était sévèrement consignée et gardée par MM. Delafosse,
appariteur, et Taquet, garde-forestier, qui depuis mercredi, couchaient 17,
boulevard de l’Est, et ne s’absentaient jamais l’un en même temps que l’autre.
Il était impossible, dit notre correspondant, d’entrer, de risque un œil même,
dans la maison. Un de nos confrères cependant, du moins il le dit, a su forcer
la consigne ; il a vu et constaté, mercredi, alors que le crime était
commis depuis trois jours, que la malheureuse Mme Coulon avait encore dans les
yeux des traces de larmes, d’où il en a tiré des conclusions…
Quand la porte du
coffre-fort fut ouverte, les magistrats purent se rendre compte que rien dans
ce meuble n’avait été dérangé par les assassins : titres, valeurs, billets
de banque, sacs de pièces d’or s’y trouvaient au complet, les espèces pour une
assez forte somme, car M. Bierne avait récemment rapporté de Paris le montant
des loyers échus du dernier terme. Le tout fut placé sous scellés et à sept
heures et demie les membres du Parquet quittaient la maison du crime pour se
rendre à l’hôtel du Lion d’Or où ils prenaient un léger repas ; ils se
rendaient ensuite au bureau du maréchal des logis de gendarmerie où ils
entendaient encore les dépositions de nombreux témoins notamment de MM.
Desgranges et Brisset et de Mme Boudineau.
A dix heures et demie, la
voiture de M. Baron ramenant les membres du Parquet reprenait le chemin
d’Etampes. On sait qu’à la première heure, M. le Procureur de la République et M. le
Juge d’Instruction, après avoir pris connaissance du télégramme de la brigade
de gendarmerie de Lorrez-le-Bocage, faisaient mettre M. Coulon en liberté.
Les obsèques des
victimes
Samedi matin à dix heures et demie une affluence considérable se massait devant la maison n°17 du boulevard de l’Est pour assister aux funérailles purement civiles de M. Bierne et de Mme Coulon ; après qu’on eut distribué à tous les assistants des fleurs d’immortelles, les cercueils des victimes recouverts de nombreuses couronnes étaient placées sur les corbillards.
Le cortège se formait alors
dans l’ordre suivant : en tête l’ « Union musicale de
Milly », bannière déployée, le corbillard portant le cercueil de M.
Bierne, la famille, les amis, la
Société de secours mutuels, la Société de tir, puis le
corbillard contenant les restes de Mme Coulon, suivi de parents et d’amis.
Au cimetière, le cercueil
de M. Bierne était déposé à l’entrée du magnifique monument où reposaient déjà
Mme et Mlle Bierne. Au nom de la
Société de tir de Milly M. Poirrier fils s’avançait alors
près du cercueil ; en quelques mots il remerciait le défunt d’avoir
contribué la prospérité de la
Société dont il a été le bienfaiteur et lui adressait un
dernier hommage.
La foule après avoir défilé
devant le tombeau se rendait ensuite au caveau provisoire où étaient déposés
les restes de Mme Coulon ; chacun jetait une fleur sur le cercueil de
cette malheureuse femme et se retirait silencieusement.
Le retour de M.
Coulon
Mais dans l’assistance qui
suivait les obsèques, la nouvelle ne tardait pas à se répandre que M. Coulon
venait d’être mis en liberté à Etampes ; un télégramme remis aux membres
de la famille annonçait son prochain retour.
Dès la fin du service, ses
parents, M. Siroteau, tenancier de l’hôtel du Lion d’Or, et M. Coulon, son
beau-père, partaient à sa rencontre sur
la route de Maisse, comme ils arrivaient en face de la propriété de Mme Baffoy,
ils apercevaient le cabriolet qui d’Etampes ramenait M. Coulon. De chaudes
poignées de main furent échangées et tous se rendaient chez M. Siroteau :
« J’ai pu voir M. Coulon, dit notre correspondant, que j’ai trouvé
très affecté de l’arrestation dont il a été l’objet ; il s’est déclaré peu
satisfait de son séjour à la prison d’Etampes : « Il y a là,
m’a-t-il dit, des employés convenables, mais il s’en trouve d’assez peu
complaisants et j’ai pu apprécier la valeur d’une allumette».
M. Coulon, sans doute,
s’est trouvé aux prises avec le règlement de la maison d’arrêt qui sur ce point
est absolu. « Enfin, continue notre correspondant, M. Coulon m’a exprimé
toute la satisfaction qu’il éprouvait de sa mise en liberté et la
reconnaissance de son innocence ; son arrestation et son incarcération ont
été un mauvais cauchemar, dont la perte de sa chère Louise lui montrera
toujours, hélas ! la réalité.
Nouvelle descente du Parquet
Dimanche, vers quatre heures, le Parquet
d’Etampes faisait une nouvelle descente à Milly ; les magistrats
s’arrêtaient à la gendarmerie, où venaient les rejoindre M. le Juge de Paix et
son greffier, et entendaient Madame Desgranges et M. Jules Tranchant qui
avaient été convoqués au bureau du maréchal des logis. Ils se rendaient ensuite
par le tour de ville à la maison du crime où ils faisaient diverses
constatations puis ils repartaient pour Etampes à neuf heures du soir.
Au nombre des déclarations recueillies, l’une
permet de se rendre compte que l’assassin a pu, ainsi que nous le faisions
prévoir, entrer par la porte de service tenue entrebâillée pendant que Mme
Coulon allait chercher du lait chez M. Boudineau. Le journal rapporte en effet
qu’au cours d’une conversation que son représentant, M. Arthur Dupin, a eue
avec M. Tranchant, le propos suivant lui a été tenu :
« Quand notre belle-sœur allait chercher
son lait, le soir, ou faire toute autre chose dans le voisinage, elle ne
refermait point la grande porte, se contenant de la maintenir entrebâillée, à
l’aide d’un bout de bois, qui la calait au pied et faisait ainsi une ouverture
de vingt centimètres, en dehors de la sonnette ».
Les « reporters » à Milly
Pendant toute la journée de lundi, il y a eu
à Milly une véritable affluence de reporters parisiens. « Les plus
remarqués, dit notre correspondant, étaient ceux du Petit Parisien, du Matin,
et celui du Journal, qui a eu une longue conférence avec MM. Léon Coulon,
Tranchant et Siroteau ; ce n’étaient qu’allées et venues de reporters de
l’hôtel du Lion d’Or au café de l’Epoque et vice-versa. A 6 heures 45 du soir,
ces messieurs ont repris le chemin de Paris. Et notre correspondant ajoute
« On n’a trouvé rien de nouveau, on en est aux conjonctures ».
Dans la journée, et sur la réquisition du
Parquet, M. Delpy, agent-voyer, a fait le plan de la maison de M. Bierne et de
ses dépendances.
La « rousse »
« Le bruit circule, nous dit encore
notre correspondant, qu’il y a des inspecteurs de la sûreté à Milly et dans les
environs depuis dimanche ; il paraît que le fait est véridique, mais on en
est arrivé à désigner comme agent de la sûreté toute personne inconnue ou
étrangère à la localité… ».
La « frousse »
Mardi, rien de nouveau ; les
conversations ont toujours pour sujet le crime mystérieux sur lequel aucun
rayon de lumière ne semble luire.
Partout, à Etampes comme à Milly, les
auxiliaires de la justice, magistrats, gendarmes, agents ont les lèvres
closes ; le sentiment général est que le ou les assassins devaient avoir
un très grand intérêt à la disparition de M. Bierne et de Mme Coulon.
Qui ?
Beaucoup de personnes sont très inquiètes, on rappelle l’affaire Quinton, d’il y a vingt ans ; des rentiers qui se sont retirés à Milly ces dernières années expriment le regret d’avoir choisi cette résidence ; d’autres déclarent qu’ils s’en iraient si ce n’était la maison qu’ils ont fait construire ; les serruriers sont sur les dents… Les habitants des maisons isolées sont sur leurs gardes et sortent peu la nuit ; il serait nécessaire que l’arrestation du ou des coupables se produisit pour calmer l’émotion à Milly et rassurer les habitants.
Toujours rien
Dans l’après-midi de mardi, le reporter du
Petit Parisien était de nouveau à Milly ; bientôt arrivait en automobile
son collègue du matin. Après avoir fait chacun leur enquête, ces messieurs se
retrouvent à l’hôtel du Lion d’Or où ils se communiquent leurs
impressions ; plus l’affaire vieillit, plus elle devient difficile et
délicate, c’est la conclusion de leurs conversations.
A Etampes, la porte du cabinet du juge
d’instruction est toujours consignée.
Le testament de M. Bierne
M. le Juge de Paix de Milly s’est rendu mardi
à Etampes pour déposer au Greffe du Tribunal les différents testaments de M.
Bierne qui seraient au nombre de quatre ; le dernier datant du mois de
Juillet 1904 annulerait les trois autres. Par ce testament, M. Bierne
attribuerait à la ville de Milly une somme de 50.000 francs, à charge pour elle
de lui élever un monument dont il a fait le croquis et qui nécessiterait un
emplacement d’au moins 25
mètres carrés .
On dit en outre qu’une somme de 2.000 fr doit
être partagée par moitié entre la société de tir et la société des secours
mutuels de Milly.
Enfin, on dit, mais que ne dit-on pas, que
Mme Coulon devait bénéficier d’une rente viagère de 1.200 fr et qu’elle
devenait propriétaire avec Mme Cornillon, de la maison du boulevard de
l’Est : « Tous les neveux, petits-neveux, nièces et cousins, dit le
Journal, avaient été complètement oubliés ».
L’enquête continue
A partir de mercredi, les reporters
commencent à… donner leurs langues au chat ; les rues ont moins
d’animation, plus d’arrivées sensationnelles d’automobiles à l’hôtel du Lion
d’Or. Néanmoins dans la rue, autant que le permet la bise et dans les cafés,
les conversations continuent à rouler sur le crime. Le Parquet ne donne plus signe
de vie ; il semble que l’on ne fait rien pour donner satisfaction à
l’opinion publique en général et à M. Coulon en particulier et l’on commence à
considérer l’affaire comme classée. Quelques-uns en prennent leur parti, mais
d’autres s’effrayent qu’on ne procède à aucune arrestation. La chose mérite
d’être faite avec prudence, n’est-ce pas assez déjà d’une arrestation trop
hâtive ?
Cependant, les gendarmes s’occupent à
recevoir des dépositions ; comme on ne retrouve toujours pas les clefs de
la maison Bierne, ni l’instrument qui a servi à commettre le crime, pour en
avoir le cœur net M. le Juge de Paix fait vider la fosse d’aisances de la
maison n°17 boulevard de l’Est ; cette opération ne fait rien découvrir
d’intéressant. De leur côté, les agents de la sûreté continuent leurs
recherches ; ils ont de longs entretiens avec M. Coulon et différentes
personnes.
Au marché de Milly
C’est jeudi jour de marché à Milly ; les
habitants des communes voisines qui y sont venus s’entretiennent avec leurs
amis de Milly du mystérieux crime ; les langues marchent leur train, les
soupçons aussi. Chacun a sa piste ; pour les uns l’assassin n’est pas
loin, il est même très près de la maison sanglante ; pour les autres,
c’est à quelques kilomètres qu’il faut chercher ; un autre
« tuyau » veut que l’assassin se trouve à plus de 60 kilomètres…
Rien, rien…
En résumé personne ne sait rien, ni les
magistrats, ni les voisins, ni les habitants ; l’assassin seul, sait. Où
est-il ? M. Paul Limours, du Matin, le trouvera peut être, à moins que,
comme me le disait un blagueur, il ne soit lui même l’auteur du crime…
Dame ! avec une automobile…
Le bruit courait cette semaine à Milly qu’en
outre de la bicyclette dont nous avions signalé la disparition, on avait volé
une autre bicyclette : vérification faite, il ne s’agissait pas d’un vol
mais d’un abus de confiance ; le 13 mars, un ouvrier boulanger, nommé
Rollin louait chez M. Chenet, mécanicien, une bicyclette qu’il n’a pas encore
rapportée à l’heure présente. Ce n’est pas encore là la piste rêvée.
« L’arrestation de
l’assassin est imminente ! »
C’est la formule que les habitants de
Milly entendent répéter à satiété depuis quarante jours, formule qui s’est
modifiée à la suite de l’arrivée vendredi dernier d’une équipe de reporters parisiens
suivant de près le retour des agents de la sûreté ; on dit maintenant
« L’arrestation des assassins est imminente. »
Une nouvelle piste est
paraît-il suivie par le juge d’instruction : une personne sur laquelle dès
le début de l’enquête les soupçons s’étaient portés, mais qui avait pu fournir
un alibi, est en ce moment sur la sellette, une lacune d’une heure ayant été
relevée dans l’emploi de son temps, pendant la soirée du crime. Voici, d’après
le Matin, en quelles circonstances :
« Celui que désigne
aujourd’hui la voix populaire est un débitant, qui, comme tant d’autres, se
croyait, paraît-il, certain d’être couché sur le testament du père Bierne. Ce
débitant, interrogé précédemment, avait fourni de sa soirée du dimanche de
l’assassinat une relation constituant le meilleur des alibis., il semble bien
qu’il y eut dans ces déclarations quelques lacunes. Suivons-le pas à pas, et,
avec les témoins, reconstituons cette tragique soirée.
Durant tout l’après midi,
il reste à servir ses clients et à boire avec quelques uns. A sept heures et
demie du soir, il cause encore dans son café avec MM.Grillard, boulanger ;
Félix Gaudry, boucher ; Meny, ouvrier quincailler et Boudineau, menuisier.
A ce moment, il sort – les témoins l’affirment, contrairement aux premières déclarations
de X…, qui avait assuré ne pas s’être absenté un instant de toute la journée –
il va chez des amis ; il s’arrête à l’Hôtel du Cygne, où il invite deux
paveurs à venir, après dîner, faire avec lui une partie de cartes ; enfin,
il regagne son domicile.
Ceci nous mène entre huit
heures et huit heures et demie. Dans le café, MM.Guérin fils, sabotier, et
Petit, dit « Pendard » font au billard un bouchon. X… s’attable, en
compagnie de sa femme, dans la salle voisine. Il suit pourtant la partie, car
chaque fois que le bouchon tombe, il annonce : « un sou ; la
cagnotte ! ». Et cela dure jusqu’aux environs très proches de neuf
heures. A partir de cet instant jusqu’à neuf heures et demie, Guérin et Petit
n’entendent plus parler X… Ils ne disent pas qu’il soit sorti, mais simplement
qu’il ne leur a plus parlé.
Si l’on se souvient que
l’autopsie des deux victimes a établi que le crime avait du être perpétré de
neuf heures à neuf heures et demie, on comprend la gravité de ces insinuations.
Un peu après neuf heures,
les deux invités de X…, les paveurs arrivent au café ; le patron ne tarde
pas à les rejoindre, et tout ce monde, y compris la femme de X…, entame une
interminable partie de manille. Et c’est tout ».
Mercredi et jeudi, il a été
procédé à l’interrogatoire d’un grand nombre de témoins et le dossier de
l’affaire s’enfle et semble vouloir prendre les proportions de celui de
l’affaire Quinton. Néanmoins, M. le Juge d’Instruction ne désespère pas arriver
à la découverte de la vérité. Sera-t-il plus heureux que nos confrères de
Paris.
On nous rapporte, en effet,
de Milly, qu’après la mise en liberté de M. Coulon, les reporters parisiens que
lassait la longueur de l’enquête avaient entrepris d’obtenir d’une personne sur
laquelle pesait des soupçons des aveux dans ce qu’on appelle aujourd’hui
« la chaleur communicative des banquets » ; ils l’invitèrent à
festoyer avec eux, ils lui firent boire les vins les plus capiteux, mais
l’effet obtenu ne fut pas celui qu’on attendait ; les reporters roulèrent
sous la table dans l’impossibilité matérielle de retourner à Paris, tandis que
leur invité, impassible, n’ayant rien livré de son secret, s’il en avait un,
continuait à sabler le champagne !
Nouvelle alerte lundi à
Milly où on apprenait : d’abord le départ pour Etampes de plusieurs
témoins devant apporter des éclaircissements définitifs dans l’affaire
d’assassinat du Boulevard de l’Ouest, puis dans la soirée, l’arrestation très
probable de l’un de ces témoins contre lequel les agents de la sûreté avaient
recueillis les éléments d’une accusation des plus graves.
Ce bruit se confirmait à
l’arrivée à Milly des autres témoins, M. Desgranges et M. Cornillon, que le
juge d’instruction avait entendus d’abord seuls puis contradictoirement avec M.
Tranchant.
A neuf heures, ce dernier
témoin obtenait l’autorisation d’aller se restaurer chez M. Delafoy où
l’attendait sa mère, qui dans la soirée, avait été également entendue comme
témoin ; les magistrats allaient eux-mêmes se restaurer avant d’engager
avec « leur partenaire » la partie définitive, la « belle »
comme on dit dans le langage des joueurs, puisque toute l’accusation porte sur
l’heure à laquelle a commencé une partie de cartes à l’Hôtel du Cygne, à Milly.
Les rares curieux qui se
trouvaient à dix heures sur la place du Tribunal à Etampes, purent entendre
s’engager cette partie définitive entre le juge d’instruction et le
témoin ; celui-ci donnant de tous ses atouts : documents et
procès-verbaux d’interrogatoire réunis depuis un mois et demi ; celui-là
protestant avec énergie contre tout ce qui pouvait sembler être pour lui une
accusation.
Quand s’approcha minuit,
les échos de la place du Tribunal retentirent une dernière fois d’un dialogue
qu’on aurait pu prendre pour une altercation ; puis le silence se fit, une
silhouette se dressa à la fenêtre qui éclaire l’escalier du Palais, et bientôt
libre, M.Tranchant franchissait la porte.
Sans tarder, il allait
rassurer sa mère sur l’issue de son entrevue avec M. Germain ; la berline
qui l’avait amenée de Milly était attelée, et, à son hôte, qui s’étonnait de
lui voir mettre tant d’empressement à partir, il disait : « C’est
que la « patronne » doit être inquiète de ne pas me voir rentrer, il
y a de quoi la faire devenir folle ! ».
A minuit, la façade du
Tribunal reprenait son aspect habituel, et voilà encore pour longtemps, peut
être pour toujours, un voile épais jeté sur cette ténébreuse affaire.
Encore
une présomption fausse - Scandaleux abus du Parquet instructeur –
Un alibi exact - La justice piétine – Le familier mystérieux.
Un alibi exact - La justice piétine – Le familier mystérieux.
Le parquet d’Etampes s’est enfin décidé à
vérifier l’alibi fourni par M. COULON. Plusieurs témoins avaient d’ailleurs
déclaré avoir vu M. COULON à Blennes, commune située à
60 kilomètres de Milly.
L’un de ces témoins, M. CHARTIER, père, a
déclaré notamment :
M. COULON a déjeuné dimanche matin chez moi.
Avec mon fils, son beau-frère et aussi un autre de ses beaux-frères.
M. FALNEUX, employé au chemin de fer du PLM, et demeurant à
Paris, Impasse Jean Boutron,
M. PUITIEUX, qui avait pris des jours de
congés, était venu les passer avec sa
femme à Blennes, son pays, et était descendu chez M. COULON. Après déjeuner,
vers trois heures, nous nous sommes rendus au Café ALLARD où nous avons joué à
la manille jusqu’à huit heures du soir avec d’autres camarades qui étaient
venus nous retrouver.
Mme ALLARD, propriétaire du café, MM.
TOURLIER, CHARTIER fils ont confirmé cette déclaration de M. CHARTIER, père. Il
est démontré aussi que M. COULON se rendit à huit heures, avec M. et
Mme FALNEUX, chez M. CHARTIER fils où ils dînèrent. A 10 heures du soir,
M. COULON revient chez lui avec M. et Mme FALNEUX, ses hôtes. Tous trois
se couchèrent.
Comme d’autre part, on a vu M. COULON lundi
matin, à 6 heures, dans son jardin, il aurait fallu pour croire à sa
culpabilité, admettre qu’il aurait pu entre 10 heures du soir et 6 heures du
matin, faire à bicyclette le trajet aller et retour de Blennes à Milly,
c’est-à-dire 120
kilomètres . Or, l’ancien garçon boucher, est, de l’avis
de tous, un très mauvais cycliste.
Libre
Les magistrats du parquet d’Etampes ont alors
reconnu leur erreur. A huit heures et demie, hier matin, le juge d’instruction
se rendait à la prison contiguë aux bâtiments du tribunal et annonçait à M.
COULON qu’il le remettait en liberté.
Le prisonnier a renouvelé ses protestations
d’innocence. Il n’a pu s’empêcher aussi de manifester son étonnement d’avoir
été arrêté et conduit en prison avant que les déclarations qu’il avait faites
aient été contrôlées.
« J’étais bien certain », a-t-il
dit, « que mon innocence serait reconnue puisque je n’avais pas quitté
Blennes de toute la journée du crime.
La levée d’écrou a été aussitôt signée. A
neuf heures, M. COULON quittait la prison et se mettait en devoir de se rendre
à Milly pour assister aux obsèques de sa femme et de son oncle qui ont eu lieu
dans la matinée.
Une
gouvernante imprudente
Le beau-frère de M. COULON, M. TRANCHANT,
cafetier à Milly, croit que les deux malheureuses victimes ont péri par suite
de la propre imprudence de la gouvernante.
Cette pauvre Louise, a-t-il dit « savait
qu’au moindre coup de sonnette indiquent que la grande porte du Boulevard de
l’Est, la porte principale de la maison venait de s’ouvrir M. BIERNE
s’inquiétait, devenait anxieux, craintif…
Alors pour ne pas contrarier son grand-oncle,
Louise avait trouvé une combinaison fort habile certainement mais surtout
imprudente.
Quand notre belle-sœur allait chercher
son lait le soir, ou faire toute autre course dans le voisinage, elle ne
refermait point la grande porte, se contentant de la maintenir
entrebâillée à l’aide d’un bout de bois qui la calait au pied et laissait ainsi
une ouverture de 20
centimètres , en dehors de la sonnette …
Il n’y aurait plus alors qu’à pousser, pour
entrer sans bruit chez M. BIERNE, comme le fit naguère à VILLEMONBLE, le jeune
homme qui étrangla une rentière de ce pays.
Il n’y a sur les murs du jardin, ni ailleurs,
nulle trace d’escalade. Qui sait si les assassins n’ont pas profité de
l’instant où Louise COULON était allée chercher son lait pour pénétrer dans la
villa de M. BIERNE, s’y cacher en attendant le moment favorable à l’exécution
du projet.
L’enquête
L’enquête faite pour découvrir les auteurs du
double assassinat est revenue à son point de départ. Le Procureur de la République et le juge
d’instruction sont désemparés. Ils cherchent, mais aucune piste ne leur
apparaît et ils en sont réduits aux hypothèses les plus invraisemblables.
L’opinion générale, celle qui domine à Milly,
est que le crime a certainement été commis par un des familiers de la maison.
Mais par qui ? Le point d’interrogation est posé. Il n’est pas facile d’y
répondre.
On croit, dans le pays, que l’on se trouve en
présence d’une odieuse machination. Un paysan déclarait, hier :
« Voyez-vous dans nos pays, il y a des
haines terribles. COULON n’était pas détesté, mais on ne l’aimait pas. Et puis
son histoire de casino était contre lui. D’aucuns, que je ne veux pas nommer,
avaient vu d’un mauvais œil Mme COULON se réinstaller chez M. BIERNE. J’ai
entendu dire : Elle veut donc avoir l’héritage ?
Et en branlant la tête, le paysan
ajouta :
- Je crois que les magistrats n’ont pas
assez cherché le mobile du crime.
Les magistrats sont revenus hier à Milly. Ils
ont fait forcer le coffre-fort de M. BIERNE et ont pu constater que le meuble
n’avait pas été touché. Il renfermait plus de trente mille francs d’argent et
de valeur. Le vol est donc formellement écarté.
Quant aux investigations nouvelles auxquelles ils se sont livrés, elles n’ont rien fait connaître de nouveau. Il semble bien que c’est un familier qui a du s’introduire dans la petite villa du Boulevard de l’Est, mais lequel ?
A Milly, on croit à présent que le double
assassinat ne peut être le fait d’un seul individu. Il s’accrédite un bruit
d’après lequel le coup a pu être perpétré par deux hommes…
Source : journal « L’Action », du mois d’août 1906 (quotidien républicain,
socialiste et anticlérical)
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