Actualités : Exposition : Les rues de Milly-la-Forêt ont une histoire en septembre 2023

jeudi 5 décembre 2013

Jean Cocteau : Milly a changé mon existence



Pour clore cette année de commémoration du cinquantenaire de la mort de Jean Cocteau, nous avons le plaisir de vous présenter un interview de Jean Cocteau paru le 18 août 1949 dans "Le Journal de Seine-et-Oise".
 

JEAN COCTEAU : MILLY A CHANGE MON EXISTENCE


Comme j’interrogeais le grand géologue suisse, Elie Gagnebri, sur la nature des rochers de Fontainebleau, il m’expliqua que ce n’étaient pas des rochers mais une agglomération de sable de la mer datant de l’époque où la mer recouvrait notre zone. Et comme je lui demandais quand ma mer s’était retirée, il me répondit : « il y a trois cents millions d’années, ou trois cent milliards…, nous ne savons pas au juste ».

Le paysage à la mémoire longue. Je suppose que c’est parce qu’il se souvient de la mer qu’il offre, après mon bois de Milly, le spectacle étrange de la cote méditerranéenne. Sable blanc et puis, on s’y trompe. Et, parfois on croirait entendre la rumeur des vagues. On ne s’étonnerait pas, derrière les collines, de voir apparaître la mer.

Milly-la-Forêt a changé mon existence. Le travail des villes est dur, il nous oblige à vivre en proie aux légendes absurdes, et sans que nous le voulions, à nous donner en spectacle. Je viens encore d’en avoir la preuve à Biarritz où je tachai d’aider les jeunes du cinématographe. Les journaux ne relataient que le côté récréatif de l’entreprise au lieu de suivre notre effort.

Dès que j’arrive à Milly, tout change. Les halles merveilleuses, légèrement posées sur des pierres, l’église, les tourelles roses de ma maison, me douchent l’âme, et me réconfortent. L’eau de l’Ecole circule, se divise, baigne le sous-sol et c’est pourquoi les arbres se portent si bien et abondent.



Il ne suffit pas d’aimer une maison de campagne. Il faut qu’elle vous aime et vous accepte. J’ai acheté Milly parce que je m’y sentais à l’aise et affectueusement reçu. Voilà trois ans que j’habite entre le village et la forêt, trois ans que le village me communique son calme et la forêt ses sortilèges. Jamais je ne remercierai assez la chance qui m’a conduit en Seine-et-Oise. J’y suis né : à Maisons-Laffitte. Et j’espère, grâce à Milly-la-Forêt, y rester jusqu’à ma mort.

Jean Cocteau 


dimanche 24 novembre 2013

Les métiers de Milly - 1ere partie


De tout temps, les souverains ont désiré connaître l'état de la population sur laquelle ils régnaient.
Ils pouvaient ainsi estimer la richesse du pays, les impôts à lever et le nombre de soldats que l'on pouvait enrôler.
  
Jusqu'à la révolution française, on relevait le nombre de « feux», qu'il faut entendre par foyer. On peut estimer la population en multipliant ce nombre par cinq.
 
C'est en 1801 qu'un décret ordonnât un recensement tous les cinq ans.
 
Les archives départementales mettent à notre dispositions ceux de 1836 à 1936.
 
On y relève les noms, l'adresse, l'age et la profession de la population de Milly.
 
Une étude de ces documents permet de relever les métiers pratiqués, leur disparition, leur apparition. J'en ai dénombré environ 700  différents ; peut être un peut moins, car certaines professions sont déclarées … ou inscrites … sous des vocables différents selon les années.
 
Il est intéressant de noter des situations qui sont typiques de Milly.

De Milly seulement ?

En premier lieu,  remarquons qu'à part un recensement, il y a toujours eu une directrice de la Poste. C'est encore le cas aujourd'hui, mais une femme, en situation de responsabilité professionnelle il y 177 ans de cela, voilà qui est à noter.

Vers 1895, le bureau de la Poste se tenait place du Marché
A Milly seulement ? Que nenni ! L'Archiviste de Seine-et-Oise écrivit un ouvrage, juste après  la Guerre de 1870  et à propos de cet événement dans son département, dans lequel il rendait hommage à de nombreuses directrices de postes qui ont su,souvent au péril de leur vie, acheminer les missives qui leur étaient confiées.
 
En Seine-et-Oise seulement ? Il faut croire que non puisque le recensement de 1876 précise que la directrice de la poste de Milly est une réfugiée des départements d'Alsace-Moselle cédés à l'Allemagne suite à la défaite où, certainement, elle officiait aux mêmes fonctions.

Bureau de la Poste dans la Grand'Rue
Ce serait donc dans toute la France que des femmes exerçaient, dès la mise en place du service de la Poste, dans la première moitié du XIX° siècle, la profession de Directrice.
 
A suivre ...
 
Maurice Gelbard

mercredi 16 octobre 2013

Exposition : Milly un siècle d’histoire 1895/1995


Avec le concours des archives départementales de l’Essonne, l’association « Les Amis de Milly-en-Gâtinais et Environs » (LAMGE) vous propose une rétrospective des évènements qui ont marqués la vie des milliacois de 1895 à 1995.

Lors de cette exposition, réalisée à partir d’articles de presse et de photographies, les visiteurs pourront se plonger dans l’univers de Jean Cocteau et revivre un grand nombre de manifestations tel que les fêtes, les foires et les inaugurations de l’hôtel de ville, des gares et des écoles …

A cette occasion, l’association éditera son second livre. Vous pouvez dès maintenant l’acquérir en souscription à un tarif préférentiel. (renseignements : eric.gachot@orange.fr)


Exposition :

« Milly un siècle d’histoire 1895/1995 »
Espace Culturel Paul Bedu
Du 16 au 24 novembre 2013
Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 17h

dimanche 1 septembre 2013

Le cimetière de Courances




Courances à son cimetière. Quel village ne l'a pas ?

Il était autrefois en centre ville, là où est la place de la République.

Par la déclaration du 10 mars 1776 , sur les instances de la Faculté, les autorités décidèrent de déplacer tous les cimetières de France à l’extérieur des villes "pour soustraire la population de la putréfaction , de les entourer de murs et d’interdire le creusage de puits à proximité pour des raisons de salubrité publique". 

L'examen du cadastre établi en 1813 montre que le cimetière est toujours là. Par une circulaire du 29 décembre 1831 du sous-préfet, le Conseil municipal est enjoint de s'exécuter. Il y répond "que les sommes engagées imposerait la population de façon trop conséquente et que, contrairement au contenu de ladite circulaire, le Conseil n'a jamais eu connaissance que le cimetière ait occasionné de maladies, ni porté aucune exhalaison dans la commune. Et que si les plaignants désiraient en faire les dépenses, le Conseil y consentait".

Mais le Conseil reçu une autre circulaire en date du 8 août 1832, que rappelait outre les réclamations de plusieurs habitants de la commune, un décret du 23 prairial an 12 (12 juin 1804) par lequel la Commune ne pouvait plus se soustraire à la translation du cimetière. Elle se mit en quête d'un terrain assez éloigné des habitations.

En 1841, rien n'était réalisé quand "les Ponts et Chaussés" désirèrent redresser la route départementale n°30 dans sa traversée de Courances en frappant d'alignement certaines maisons.



Le Conseil objecta que, la commune s'apprêtant à effectuer la translation du cimetière, il était plus sage d'attendre que ce fut fait pour que la route fut redressée du côté du cimetière.

La bénédiction du nouveau cimetière eut lieu 24 juin 1845.

Mais dès 1887, le problème de son agrandissement se posa.

En 1897, M. le Comte et Mme la Comtesse de Ganay, "propriétaires à Courances d'un terrain contiguë au cimetière communal et servant de sépulture particulière à leur famille", offrirent de céder le dit terrain à la commune pour l'agrandissement de son cimetière communal pour la somme de 200fr (environ 760 euros).

Mais pour que cela fut  possible, "en conformité des instructions reçues de la sous préfecture, un médecin dut inspecter le terrain à l'effet de reconnaître si ce terrain convenait aux inhumations au point de vue d'y pratiquer des fosses, et si sa nature se prêtait suffisamment à la dissolution des corps et à l'absorption des émanations putrides".


Mais pour une commune de 350 habitants, il additionne beaucoup de particularités.


Dès l'entrée, ce sont les six tombes de l'équipage d'un bombardier Hallifax qui, touchée par la DCA allemande, s'était écrasé à Corbeil.




Plus d'informations sur :
Tombes de guerre du Commonwealth au cimetière de Courances


Plus loin, éclatante, celle de la couturière Nina Ricci.

 


Plus d'information sur le site du journal le Parisien : Nina Ricci, « la femme élégante » de Courances
        



Au fond, une stèle rappelle que des soldats, blessés au front de la guerre 14-18, et soignés dans un hôpital installé au  Château de Courances, y décédèrent.













Puis, c'est la chapelle de la famille de Ganay, propriétaire du Château, avec sa crypte.





Enfin, il y a ce petit cimetière d'enfants. 




Dans notre département, il y en un autre à Ballancourt et un à Vert-le-Petit.

Sinon, il faut aller en Loire-Atlantique, dans les dunes de Pen Bron à côté du sanatorium où les petits tuberculeux tentaient de recouvrer la santé ; ce ne semble pas être le cas dans d'autres communes ayant eu de tels établissements. 

A Toulouse où tous les cimetières en ont un. 

Celui de  la ville de Gueugnon est dans un  coin délaissé du cimetière. 

En Guyane aussi, à l'île Royale, les enfants des gardiens ne vivaient pas vieux à cause du climat …..  ainsi qu'à  Bourg Lastic, en Auvergne, dans un camp de réfugiés Harkis. 
 
Partout ailleurs, s'il y a des tombes d'enfants, elles ne sont pas rassemblées. Généralement, l'enfant attend ses parents dans la concession de ces derniers.   
           
Depuis quelques années, un mouvement se fait jour pour que les communes réservent un « carré des anges » dans les cimetières.

En 2009 , un prolongement de la convention liant la Ville de Lyon et les Hospices Civiles de Lyon, a conduit à la création d'un carré des enfants au cimetière de Guillotière. Cet espace de 750 m² est dédié aux enfants mort-nés ou en bas-âge.

Ce petit nombre de lieux met en relief celui de Courances. Ce n'est pas une exception, c'est seulement assez rare.

Ce qui est également peut courant, c'est qu'il y ait autant de choses remarquables dans un si petit cimetière.

Maurice Gelbard