La
sculpture L’Oiseau « vers la
connaissance », a été réalisée par Paul Becker (1920-2000). Il
s’agit d’une commande publique, dite du « 1% artistique », exécutée dans le cadre de la construction du
collège Jean Rostand, à Milly-la-Forêt.
La
structure de l’oiseau est composée d’une armature métallique (poteau
télégraphique planté dans le sol, formant ainsi le corps de l’oiseau, ainsi
qu’une ossature métallique constituant les ailes). L’ensemble est recouvert
d’un mortier hydraulique (SIKATOP ® 122F) constitué d’un mélange de résines et
de ciments. Une couche de finition (SIKATOP ® 121) est appliquée sur la surface
de l’œuvre pour lui donner une couleur blanche. Cette dernière est posée en
épaisseur et présente une surface brute et rugueuse.
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Construction de l'Oiseau par Paul Becker
Photos Ferruccio Papi.
La
sculpture est dans un état de conservation moyen. Au niveau structurel,
quelques fissures ont été observées et un réseau de microfissures est visible à
la surface. À l’intérieur des ailes, l’on observe des zones plus blanches qui
correspondent à l’emplacement des armatures internes. Ces parties plus claires
sont probablement des reprises de ciment de surface sur des fissures plus
anciennes.
En
ce qui concerne la surface, un épais biofilm, composé de mousses, d’algues et
de lichens, s’est développé, en particulier sur l’arrière de l’aile gauche.
S’ajoute à cela, un encrassement gris qui recouvre tout le dos de l’oiseau,
soit la zone la plus exposée aux intempéries. Ces zones sont aussi légèrement
érodées.
La
sculpture présente les altérations caractéristiques d’une exposition en
extérieur : encrassement et développement d’un biofilm. L’aspect de surface de
la couche de finition, présentant de nombreuses petites anfractuosités, a
contribué à l’installation des algues et des mousses. Le ruissellement de l’eau
dans des zones préférentielles a contribué à creuser certaines fissures.
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L’Oiseau « Vers la connaissance », de Paul Becker, en juillet
2020.
Avec le soutien de la commune de Milly-la-Forêt et de M. Bernard Bouley, député de la deuxième circonscription de l'Essonne, l’association « Les Amis de Milly-en-Gâtinais et Environs » a sollicité les services du Conseil Départemental de l’Essonne pour faire rénover la sculpture.
Après
avoir fait expertiser l’œuvre à l’été 2021, la Conseil Départemental de
l’Essonne a commandé la restauration de L’Oiseau
« vers la connaissance », à deux restauratrices. La conservation-restauration
se fera en deux phases.
La première phase : Traitement des micro-organismes s'est déroulé du 27 avril au 6 mai 2022.
Le
traitement biocide consiste en trois applications successives sur trois jours
par temps sec. Le produit a été appliqué sur la sculpture à l’aide d’un
pulvérisateur et a été accompagné d’un brossage pour retirer au maximum les
mousses épaisses (localisées sur les ailes notamment). La sculpture a
ensuite été bâchée. Le temps d’action du produit est de 3 à 4 semaines. Le bâchage
est nécessaire pour permettre l’action du produit en cas de pluie. L’effet
rémanent du produit biocide empêchera une nouvelle colonisation biologique
immédiate et il doit être renouvelé tous les 3 à 4 ans en moyenne, en l’absence
de brossage à l’eau régulier, selon les recommandations du Laboratoire de
Recherches des Monuments Historiques.
La
seconde phase : Restauration s’effectuera du 6 au 13 juillet 2022.
À
l’issu du traitement biocide, la surface sera nettoyée par un mini-sablage. Cette
méthode mécanique consiste en la projection pressurisée de poudre abrasive par
une mini-sableuse. Le contrôle de la pression et du débit de poudre et les
diamètres variables des buses, permettent d’ajuster le flux de poudre et
d’obtenir le niveau de nettoyage souhaité. A l’issu du traitement, la poudre
sera ramassée et traitée avec les déchets du chantier.
Après
le nettoyage de la surface, il sera désormais possible d’évaluer la
perméabilité du mortier (SIKATOP ® 121). Les fissures seront examinées afin de
déterminer leur profondeur (fissure de surface ou profonde) et si elles sont
évolutives. Toutes les fissures profondes et/ou légèrement ouvertes seront
comblées avec un mortier-ciment de la couleur de la surface. En effet,
celles-ci constituent une « macroporosité » par laquelle peut pénétrer l’eau de
pluie à l’intérieur de la structure ; elles doivent donc être comblées.
De
plus, si cela s’avère nécessaire, elles pourront être consolidées grâce à la
technique du microgoujonnage. Cette technique consiste en l’insertion par la
face de goujons très fins en fibre de verre, acier inoxydable ou fibre de
carbone, recouverts de colle époxy et permettant de faire le « pont » entre le
béton de surface et le béton de cœur sain et/ou les armatures internes.
Les
résultats obtenus avec le nettoyage et l’état des fissures sont difficilement
prévisibles aujourd’hui, une harmonisation de surface sera donc appliquée. Elle
pourra être réalisée :
-
à
base de chaux hydraulique : cette couche de protection sacrificielle, appliquée
sur l’ensemble de l’œuvre, permettra de protéger la surface de la sculpture.
Altérée par les intempéries, elle devra être repassée tous les deux à trois
ans.
-
à
base de produit SIKATOP ® 121 (blanc) : le produit sera appliquée sur
l’ensemble de la sculpture afin de redonner une couche de finition homogène.
Celui-ci est en effet toujours disponible à l’achat et cela garantira la
compatibilité des matériaux. Après cette intervention, une reprise des yeux
rouges pourra également être faite, pour redonner une cohérence esthétique à
l’œuvre.
Un
échafaudage fixe sera installé pour toute la durée de l’intervention (de fin
avril à mi-juillet) et permettra aux restauratrices d’accéder à toute la
sculpture sans avoir besoin de le déplacer. Celui-ci étant destiné à être dans
la cour de récréation, il sera sécurisé et fermé par une palissade interdisant
son accès sauf aux personnes autorisées. Cette installation permettra d’engager
un travail de valorisation de l’œuvre (pendant sa phase de restauration) par le
corps enseignant pour les élèves.
Pour
ce faire, une petite porte sur la palissade sera aménagée entre l’aile droite
de l’animal et la queue et permettra d’accéder à la partie arrière de l’oiseau,
et ce, dès début mai et jusqu’à la fin de l’année scolaire. Une zone témoin
avec une partie non restaurée et une partie restaurée sera laissée apparente.
Il suffira de soulever une partie de la bâche pour constater l’état de
conservation avant/après.
Nous
ne manquerons pas de vous informer de l’avancée des travaux.